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Guerre Israël-Palestine : les dix principaux éléments de propagande israélienne démystifiés

Depuis qu’Israël a lancé sa campagne génocidaire contre les Palestiniens de Gaza, ses propagandistes occidentaux livrent une bataille de désinformation
Des manifestants pro-palestiniens protestent devant le siège du New York Times pour dénoncer sa couverture de la guerre israélo-palestinienne, le 9 novembre 2023 à New York (AP)

Dès que les forces israéliennes ont commencé le 8 octobre à bombarder Gaza jour et nuit, des médias de premier plan comme le New York Times et la BBC se sont lancés à corps perdu dans une campagne de désinformation massive pour justifier les horreurs qui allaient se produire.

Les médias occidentaux ont bombardé le cycle de l’information avec une propagande pro-israélienne et un discours destiné à détourner l’attention du fait qu’Israël s’est engagé dans un génocide barbare d’un peuple entier et que tout l’édifice de la présomptueuse « civilisation occidentale » et de la « démocratie » n’était qu’un grossier mensonge. 

Voici les dix principaux éléments de propagande que les médias occidentaux ont mis en avant au nom de leur colonie de peuplement préférée :

1) Le conflit a débuté le 7 octobre, à la suite de l’attaque du Hamas contre Israël

Le président Joe Biden a déclaré que l’attaque du 7 octobre équivalait à « quinze 11 septembre [2001] » pour Israël, ce que les médias occidentaux ont également soutenu. C’est pourtant faux. Avant le 7 octobre, il y a eu le 6 octobre, et avant cela, une succession de dates et de faits relevant d’un projet colonial meurtrier de domination et de dépossession remontant à la Nakba (« catastrophe ») de 1948.

Avant cela, il y a eu la déclaration Balfour de 1917, empreinte de racisme et délibérément conçue pour se débarrasser des juifs européens. Celle-ci a été précédée par la mésaventure européenne au cœur du monde arabe et musulman et par la montée du sionisme en tant que mouvement colonial. Et encore avant, il y avait le fanatisme sioniste chrétien, qui militait pour renvoyer de force les juifs en Palestine afin de précipiter la venue de leur Messie.  

Alors que le gouvernement israélien et ses propagandistes sionistes souhaitent fétichiser le 7 octobre, nous sommes ici pour le défétichiser et le situer dans l’histoire

Parmi la succession d’attaques terroristes sionistes contre des civils palestiniens sans défense, on retrouve les massacres de Deir Yassin (1948), Kafr Qassem (1956), Khan Younès (1956), Sabra et Chatila (1982, avec l’aide et la complicité d’Israël) et d’innombrables autres.

Israël a été fondé sur le sang et les os brisés des Palestiniens bien avant le 7 octobre 2023. Le monde a également continué de tourner après le 7 octobre, avec le lancement par Israël d’une nouvelle attaque génocidaire contre 2,3 millions de Palestiniens à Gaza.

Alors que le gouvernement israélien et ses propagandistes sionistes souhaitent fétichiser le 7 octobre, nous sommes ici pour le défétichiser et le situer dans l’histoire.  

Une propagande anhistorique

2) Palestine = Hamas 

La Palestine n’est pas le Hamas, même si celui-ci fait partie intégrante de la lutte de libération nationale palestinienne. Israël et ses alliés américains et européens se mobilisent pour diaboliser le Hamas, un « mouvement de résistance islamique » palestinien, comme son nom en version longue l’indique clairement. Israël et ses complices américains et européens ont fétichisé le terme « Hamas » et l’ont assimilé à l’ensemble de la Palestine afin de discréditer l’ensemble des luttes de résistance et de libération palestiniennes. 

3) Hamas = État islamique

C’est faux. Le Hamas est une organisation politique enracinée dans l’aspiration profonde du peuple palestinien à se libérer de la domination coloniale de sa patrie. L’État islamique (EI) est un gang violent et sans racines, créé et conditionné par l’invasion américaine de l’Irak.

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Fort heureusement pour la Palestine, le Hamas n’est pas le seul groupe de Palestiniens à lutter pour la libération de leur patrie. Il y en a beaucoup d’autres. Tous représentent une population palestinienne profondément cultivée et consciente de l’histoire, qui résiste collectivement au vol sioniste de sa patrie.

La Palestine n’est pas le Hamas. La Palestine, c’est son peuple héroïque, ses générations d’érudits, d’historiens, d’artistes, de romanciers, de dramaturges, de poètes, de cinéastes, de scientifiques, de médecins, d’ingénieurs, de penseurs révolutionnaires et d’activistes. Israël et ses complices américains et européens ne sont pas de taille face aux Palestiniens.  

4) La situation en Palestine est une crise humanitaire

C’est faux. Il s’agit d’un mouvement de libération nationale impressionnant qui le restera même si Israël, les États-Unis et l’Europe continuent de conspirer pour le fragmenter et le démanteler en de nouveaux camps de réfugiés. Les Palestiniens ne seront pas réduits à une crise humanitaire.

Israël et les États-Unis peuvent les forcer à partir en Égypte, comme ils les ont forcés à partir au Liban, en Syrie, en Jordanie ou dans d’autres pays voisins. Mais ils ne disparaîtront pas dans la nature. Ils récupèreront leur patrie et y retourneront.  

Des machines de propagande

5) La BBC et le New York Times sont les meilleurs exemples de journalisme objectif

C’est faux. Ce sont des machines de propagande profondément compromises et décrédibilisées au service du projet colonial israélien. Ils déforment et manipulent chaque information émanant de Palestine au profit d’Israël. Fort heureusement, le monde n’est plus à la merci de ces deux groupes délirants qui s’adressent à leur lectorat réactionnaire. Les faits flagrants et les analyses remarquables de faiseurs d’opinion internationaux sont bien plus efficaces que les éditorialistes compromis du New York Times et les reporters de la BBC.  

6) Les combattants palestiniens se cachent parmi la population civile

Encore un mensonge. Le Hamas et les autres combattants de la résistance palestinienne sont profondément enracinés dans les cœurs, les esprits et les aspirations du peuple palestinien. Le Hamas n’est pas tombé du ciel. Le Hamas et les autres mouvements de résistance palestiniens ne se cachent pas parmi la population. Ils sont issus de cette population. Ce sont leurs fils et leurs filles, leurs maris et leurs femmes, leurs enfants et leurs petits-enfants.

Le fait de supposer qu’ils se cachent parmi les civils est une affirmation raciste pure et simple de la part de ceux qui croient que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains. Israël est confronté à la détermination inébranlable d’une nation, et non à un ensemble d’organisations de guérilla isolées.  

7) Les chiffres des victimes palestiniennes sont exagérés et peu fiables

C’est l’élément de propagande du New York Times et du Washington Post pour les Américains et de la BBC de l’autre côté de l’Atlantique, qui ont formé l’expression « ministère gazaoui de la Santé contrôlé par le Hamas », comme si les détails des victimes israéliennes étaient vérifiés de manière indépendante par la Cour pénale internationale. Lorsque le New York Times ou la BBC emploient cette expression, on comprend en la lisant que ces organes de presse partiaux et pro-israéliens discréditent la souffrance palestinienne parce qu’ils sont des partisans racistes et suprémacistes blancs d’une colonie européenne.

Des mensonges réactionnaires

8) Les sionistes réactionnaires qui écrivent pour le New York Times mettent désormais en garde leurs lecteurs contre « l’émergence d’une rue arabe en Occident »

Qu’est-ce que cela signifie, au juste ? Voici ce qu’ils affirment : « Les récentes manifestations dans les capitales européennes, en particulier, sont moins une extension d’un progressisme radicalisé qu’une simple expression de solidarité ethnique et religieuse avec les Palestiniens de la part d’immigrés du Moyen-Orient et de leurs descendants. »

En dépit des affirmations racistes selon lesquelles seuls des immigrés du Moyen-Orient manifestent, les millions de personnes qui affichent leur solidarité avec les Palestiniens ne constituent pas la « rue arabe »

Il s’agit là d’en effort raciste et xénophobe visant à stigmatiser et à marginaliser un tout nouveau phénomène citoyen aux États-Unis et en Europe. Les millions de personnes qui manifestent contre Israël et en solidarité avec les Palestiniens ne constituent pas la « rue arabe ». Ces courageux manifestants sont américains, britanniques, allemands, français, italiens, etc. et ils sont là pour refuser qu’un génocide soit perpétré en leur nom. Et ils ne sont pas seulement dans la rue. Ils sont sur les campus universitaires, dans les cabinets d’avocats, dans les centres de recherche et d’études, dans les usines et les ateliers, et bien sûr dans les rédactions et les administrations d’universités.  

9) Ces mêmes réactionnaires mettent en garde contre « les dilemmes des juifs progressistes et des démocrates sionistes »

Encore une fois, qu’est-ce que cela signifie ? « Si les pressions exercées sur les élites européennes proviennent de multiples directions, les pressions exercées sur les juifs et les sionistes américains au sein de la coalition démocrate ne vont que dans un seul sens : vers la droite », affirment-ils.

Or, ce dilemme n’existe pas. Si vous êtes sioniste, c’est que vous croyez en un État d’apartheid raciste. Point final. Il y a toujours eu des juifs critiques et consciencieux dans le camp des Palestiniens et des millions de sionistes chrétiens et musulmans dans celui d’Israël. Le sionisme est un projet colonial bien plus chrétien que juif, tandis que les sionistes musulmans sont légion dans la classe dirigeante de nombreux États arabes. Ils ont un club exclusif qu’ils appellent les « accords d’Abraham ». 

10) Les experts réactionnaires du New York Times mettent en garde leurs lecteurs contre « la radicalisation du progressisme »

Voici ce qu’ils écrivent : « La mesure dans laquelle la rhétorique de “décolonisation” s’étend naturellement, […] des projets culturels et psychologiques au soutien littéral apporté à la lutte armée, en passant par l’apologie tacite du terrorisme antisémite, semble encore être une donnée importante à dévoiler. » Il s’agit d’une lecture erronée et dangereuse de la situation. Israël est une installation militaire suprémaciste blanche qui a l’intention d’avaler toute la Palestine et qui finira par s’autodétruire.

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Le monde s’éveille et va démanteler l’appareil terroriste raciste, xénophobe et – surtout – islamophobe légitimé par les experts médiatiques de droite américains qui écrivent pour le New York Times.  

Israël est un projet colonial européen en faillite qui ne tient que grâce à l’aide militaire massive des États-Unis et à un régime d’intimidation fondé sur des accusations fallacieuses d’antisémitisme visant à faire taire ceux qui le dénoncent pour ce qu’il est.

Un État juif en Palestine est aussi fondamentalement bancal qu’une république islamique en Palestine ou qu’un empire chrétien souhaitant dominer le monde qui l’entoure. Le nouveau spectacle génocidaire qu’ils mettent en scène à la face du monde entier depuis le 8 octobre prouve plus que jamais que le sionisme, en tant qu’idéologie européenne de conquête et de domination, est un échec sans nom, maintenu en mouvement tel un zombie par un empire malade et dysfonctionnel qui est la source de menace la plus dangereuse pour le monde.

Malgré les efforts les plus acharnés des médias occidentaux, le monde est guéri de telles illusions.

- Hamid Dabashi est professeur d’études iraniennes et de littérature comparée, récipendiaire de la chaire Hagop Kevorkian, à l’université de Columbia à New York, où il enseigne la littérature comparée, le cinéma mondial et la théorie postcoloniale. Parmi ses derniers ouvrages figurent The Future of Two Illusions: Islam after the West (2022), The Last Muslim Intellectual: The Life and Legacy of Jalal Al-e Ahmad (2021), Reversing the Colonial Gaze: Persian Travelers Abroad (2020) ainsi que The Emperor is Naked: On the Inevitable Demise of the Nation-State (2020). Ses livres et articles ont été traduits dans de nombreuses langues.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Hamid Dabashi is Hagop Kevorkian Professor of Iranian Studies and Comparative Literature at Columbia University in the City of New York, where he teaches Comparative Literature, World Cinema, and Postcolonial Theory. His latest books include The Future of Two Illusions: Islam after the West (2022); The Last Muslim Intellectual: The Life and Legacy of Jalal Al-e Ahmad (2021); Reversing the Colonial Gaze: Persian Travelers Abroad (2020), and The Emperor is Naked: On the Inevitable Demise of the Nation-State (2020). His books and essays have been translated into many languages.
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