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« Ce n’était pas une erreur » : un Palestinien de 8 ans touché grièvement à l’œil par la police israélienne

Le père de Malek Issa affirme qu’un policier israélien a tiré sur son fils délibérément entre les deux yeux
Montage montrant une photo non datée de Malek Issa (à gauche) puis à l'hôpital après avoir été touché par balle (réseaux sociaux)
Par Sondus Ewies à ISSAWIYA, Jérusalem-Est occupée

Un Palestinien de 8 ans va probablement perdre un œil après avoir été blessé par une balle en acier recouverte de caoutchouc tirée par un policier israélien tandis qu’il sortait d’un restaurant.

Selon la famille du petit garçon et des témoins, Malek Issa a été visé délibérément entre les deux yeux samedi après avoir acheté un sandwich dans le village d’Issawiya à Jérusalem-Est. 

Les médecins indiquent que l’impact de la balle était tellement grave qu’Issa pourrait avoir subi des dommages cérébraux.

« Le policier savait qu’il visait entre les yeux à courte distance. C’était totalement délibéré »

- Wael Issa, père du garçon blessé

« Malek est conscient mais son état est délicat. Le tir a provoqué des fractures du crâne et du visage ainsi qu’une hémorragie cérébrale », précise le père d’Issa, Wael.

Des témoins rapportent qu’il n’y avait aucune manifestation violente ni jet de pierre lorsque les forces israéliennes ont commencé à tirer.

Wael explique que les forces israéliennes étaient venues dans la zone pour arrêter un homme et que, lorsqu’elles ont vu une foule commencer à se rassembler, elles ont commencé à tirer au hasard.

De son côté, la police israélienne assure que ses agents ont employé des « mesures anti-émeutes » pendant une opération à Issawiya.

Cependant, des images de la scène viennent contredire la version israélienne des faits et montrent une activité normale dans la rue quelques instants avant les coups de feu.

La police israélienne a annoncé que l’incident faisait l’objet d’une enquête.

Celui-ci intervient après des mois de raids israéliens fréquents sur Issawiya, qui ont conduit à l’arrestation de plus de 750 Palestiniens. 

« Effrayer la jeune génération de Palestiniens »

Wael raconte qu’un bus a déposé Malek et ses sœurs à un arrêt situé à 200 mètres de leur maison. Leur mère avait dit qu’ils pouvaient rentrer à pied car la météo était bonne.

Malek est entré dans le restaurant pour acheter un sandwich et s’est fait tirer dessus lorsqu’il en est ressorti, d’après son père.

« Ils veulent faire pression sur cette génération, en particulier les écoliers, afin de nuire à l’éducation des Palestiniens, surtout à Issawiya »

- Mohammed Abu al-Homs, commission communautaire d’Issawiya

Le policier qui a tiré sur Malek prétend qu’il ne le visait pas lui mais un mur pour calibrer son viseur et qu’il pensait que le garçon avait été touché par une pierre jetée par un Palestinien, selon Haaretz.

Néanmoins, le père d’Issa rejette ses allégations et affirme que le policier visait clairement Malek.

« Ce n’était pas une erreur. Le policier savait qu’il visait entre les yeux à courte distance. C’était totalement délibéré », a-t-il déclaré à Middle East Eye.

Mohammed Abu al-Homs, membre de la commission communautaire d’Issawiya, indique que les forces israéliennes sont présentes dans le village chaque jour depuis dix mois.

« La pression constante exercée contre [nous] fait partie de la politique continue de l’Occupation [Israël] contre toutes les personnes de Jérusalem », déclare Abu al-Homs.

Malek souffre de fractures du crâne et du visage ainsi que d’une hémorragie cérébrale (réseaux sociaux)
Malek souffre de fractures du crâne et du visage ainsi que d’une hémorragie cérébrale (réseaux sociaux)

En novembre, les écoles d’Issawiya ont été fermées pour protester contre l’arrestation d’un élève de 16 ans dans la cour de l’école.

Les habitants ont considéré cet incident comme une violation d’un accord conclu entre les habitants et la police israélienne plus tôt dans l’année stipulant que ces derniers n’opéreraient pas près des écoles pendant les heures de cours.

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Abu al-Homs affirme que cet accord a été violé à plusieurs reprises.

Il estime que l’une des tactiques de pression d’Israël consiste à viser les enfants dans les zones telles que la tête et les yeux « afin d’effrayer et de dissuader la jeune génération de Palestiniens ».

« Il s’agit d’une pression politique et du ciblage barbare des enfants, en particulier ceux âgés de 10 à 12 ans qui ne constituent pas la moindre menace », selon lui.

« Ils veulent faire pression sur cette génération, en particulier les écoliers, afin de nuire à l’éducation des Palestiniens, surtout à Issawiya. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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