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La recherche des victimes de l’attentat en Irak continue, le bilan dépasse les 200 morts

Le Premier ministre Abadi décrète trois jours de deuil et annonce de nouvelles mesures de sécurité, notamment l’interdiction des faux détecteurs de bombe
Une rubalise de la police sécurise une zone de Karrada lundi, au lendemain de l’attentat à la bombe qui a frappé ce quartier de Bagdad (AFP)

Ce lundi, les Irakiens pleurent la mort de plus de 200 personnes dans un attentat-suicide à la voiture piégée revendiqué par le groupe État islamique (EI), qui compte parmi les attaques les plus meurtrières jamais perpétrées dans le pays.

L’explosion a frappé le quartier de Karrada tôt dimanche alors que la zone était pleine de gens faisant leurs courses avant la fête de l’Aïd qui marque la fin du mois de Ramadan et doit avoir lieu cette semaine.

Le personnel d’urgence ainsi que les familles et amis des victimes sont toujours à la recherche ce lundi des personnes disparues suite à l’explosion, qui a déclenché des incendies dans plusieurs bâtiments environnants.

Il a été confirmé qu’au moins 213 personnes sont mortes et plus de 200 blessées jusqu’à présent, mais un membre des forces de la défense civile a déclaré que récupérer les corps des victimes prendrait des jours.

Hussein Ali, un ancien soldat de 24 ans, a rapporté que six employés de la boutique de sa famille ont été tués, et que leurs corps étaient tellement brûlés qu’ils n’ont pas pu être identifiés.

« Je vais retourner au front. Là, au moins, je connais l’ennemi alors je peux le combattre. Mais ici, je ne sais pas contre qui je me bats », a-t-il confié à l’agence de presse AFP.

L’attaque est survenue une semaine après que les forces armées du pays ont repris Falloujah à l’EI, ce qui fait de Mossoul la seule ville irakienne restant sous contrôle de l’EI.

Cependant, les Irakiens sont en colère face à l’incapacité du gouvernement à assurer leur sécurité alors même que ses forces repoussent l’EI. Cela a incité le Premier ministre Haïder al-Abadi à annoncer des actions pour résoudre les failles existant depuis longtemps à Bagdad dans le domaine de la sécurité.

Parmi ces actions figurent l’interdiction d’utiliser les faux détecteurs de bombe encore en usage plusieurs années après l’emprisonnement pour fraude au Royaume-Uni du Britannique qui les a vendus à l’Irak.

Abadi a également ordonné que le déploiement de dispositifs de détection aux entrées de Bagdad soit accéléré et que l’utilisation de téléphones portables par le personnel de sécurité soit interdite aux points de contrôle, et a demandé une plus grande reconnaissance aérienne et coordination entre les forces de sécurité.

Le bureau d’Abadi a annoncé trois jours de deuil national pour les victimes de l’attaque et s’est engagé à « punir » les auteurs de l’explosion.

Une vidéo de la scène de l’explosion montre des hommes – apparemment en colère contre l’échec du gouvernement à empêcher le carnage de Karrada – jeter des pierres sur ce qu’on a dit être le convoi d’Abadi, tandis que dans une autre vidéo un homme le maudit.

Le Premier ministre a néanmoins adopté un ton conciliant.

« Je comprends les sentiments et les réactions émotionnelles qui surviennent dans un moment de tristesse et de colère », a-t-il déclaré dans un communiqué.

L’EI a publié un communiqué revendiquant la responsabilité de l’attentat-suicide, précisant qu’il a été perpétré par un Irakien dans le cadre des « opérations de sécurité en cours ».

Le groupe a déclaré que l’explosion ciblait la majorité chiite irakienne, que les militants sunnites considèrent comme hérétiques et attaquent fréquemment à Bagdad et ailleurs.

Karrada est majoritairement chiite mais aussi un quartier mixte au cœur de Bagdad, juste en face du quartier gouvernemental, la zone verte, de l’autre côté du Tigre.

L’envoyé de l’ONU en Irak, Jan Kubis, a condamné cet « acte lâche et odieux aux proportions sans précédent », appelant les autorités à traduire les responsables en justice.

Les responsables ont indiqué qu’une autre explosion dans la zone Shaab du nord de Bagdad a tué au moins une personne et en a blessé quatre autres dimanche, mais la cause de l’explosion est contestée.

Les attentats dans la capitale ont diminué depuis que l’EI s’est étendu dans de vastes zones au nord et à l’ouest de Bagdad en juin 2014, les militants se souciant apparemment plus de leurs opérations ailleurs.

Cependant, le groupe s’en est violemment pris aux civils irakiens après avoir subi des revers militaires et, en mai, Bagdad a été secouée par une série d’explosions, lesquelles ont tué plus de 150 personnes en sept jours.

 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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