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Les femmes et les Frères musulmans progressent aux élections en Jordanie

Les femmes ont accru leur représentation politique, remportant 20 des 130 sièges ; 252 candidates se présentaient aux élections de mardi
Une Jordanienne dépose son bulletin dans l’urne d’un bureau de vote à Amman lors des élections parlementaires (REUTERS)

Malgré une faible participation, les femmes et les islamistes ont progressé aux élections législatives jordaniennes.

Les femmes ont accru leur représentation politique en remportant 20 des 130 sièges du parlement. Lors de ces élections, la Jordanie a réduit les rangs du parlement à 130 sièges contre 150 précédemment, dont seulement 18 femmes. Mardi, 252 candidates se présentaient aux élections, le nombre record dans l’histoire de la Jordanie, et 15 sièges étaient réservés aux femmes.

« C’est le signe d’une acceptation croissante du public », a déclaré à The Guardian Asma Khader, ancienne ministre jordanienne. « Les gens sont maintenant prêts à voir les noms et les photos de femmes sur les affiches de campagne politique à travers le pays. »

Les Frères musulmans de Jordanie sont entrés au parlement après avoir mis fin à dix ans de boycott et être revenus à la charge en tant que pilier d’une vaste alliance civique.

Les islamistes, le plus grand groupe politique organisé de Jordanie, avaient boudé les élections précédentes pour protester contre un système qui biaise la représentation en faveur des zones rurales peu peuplées, dominées par la politique tribale, plutôt que les villes, où la confrérie est plus forte.

Mais sous la pression d’une répression du gouvernement après des manifestations islamistes inspirées du Printemps arabe, le bras politique des Frères, le Front de l’action islamique (FAI), a abandonné son slogan « l’islam est la solution » et s’est allié à des chrétiens et des personnalités nationales pour créer la Coalition nationale pour la réforme (CNR).

La CNR a remporté au moins 16 des 130 sièges, selon les résultats préliminaires.

Zaki Bani Rusheid, un célèbre dirigeant des Frères musulmans, a déclaré que la CNR chercherait à conclure des alliances avec d’autres groupes pour tenter de former une opposition efficace.

Bien que la Jordanie n’ait pas de parti dirigeant, son gouvernement, nommé par le roi Abdallah, n’a pendant des années rencontré que peu ou pas d’opposition de la part d’un parlement dominé par des chefs tribaux, des hommes d’affaires et d’anciens responsables de la sécurité pro-gouvernement, souvent élus sur leurs promesses de s’occuper de préoccupations locales plutôt que nationales.

La CNR n’aura peut-être pas le pouvoir de bloquer les lois et les nominations au cabinet, mais elle peut pimenter les débats dans ce qui a jusqu’alors ressemblé à une assemblée en carton-pâte, dont la passivité a permis aux gouvernements successifs d’adopter parfois des lois temporaires draconiennes restreignant les libertés publiques.

Bien que cette élection constitue une étape modeste du processus de démocratisation lancé par le roi, un allié convaincu des États-Unis, alors qu’il cherche à isoler la Jordanie des conflits à ses frontières, la CNR est susceptible d’utiliser cette plate-forme pour demander un système électoral plus représentatif.

L’alliance a remporté au moins un siège dans la plupart des circonscriptions plurinominales, selon les premiers résultats.

Bien que le taux de participation national n’ait été que de 37 %, il aurait été significativement plus faible si les islamistes n’y avaient pas pris part, selon les analystes.

Les observateurs internationaux ont salué la Jordanie pour sa tenue d’élections relativement bien administrées à un moment de troubles régionaux, mais ont exhorté à une représentation politique plus large.

« Il n’y a pas d’égalité des voix. Selon le découpage électoral actuel, les grandes zones urbaines sont sous-représentées et les zones peu peuplées ou rurales sont considérablement surreprésentées », a déclaré aux journalistes le responsable des observateurs de l’UE, Jo Leinen.

De nombreux citoyens dans les grandes villes, où vit plus des deux tiers de la population, sont d’origine palestinienne. Leur émancipation politique dans un pays où les tribus jordaniennes indigènes détiennent le pouvoir est une question sensible.

Mardi, Middle East Eye a rapporté un manque d’enthousiasme dans les urnes.

L’analyste des élections Ayoub Alnmour a indiqué à MEE : « En Jordanie, le parlement n’a pas suffisamment de pouvoir constitutionnel pour changer les choses au niveau politique, ce qui est regrettable. Il est plus axé sur la représentation tribale, les services locaux et les possibilités d’emploi pour les membres de la famille.

« Pour moi, le principal impact à court terme de cette élection n’est pas politique. Il est social. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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