Les Houthis du Yémen à l’origine d’une « frénésie d’arrestations arbitraires et de torture »
Amnesty International a accusé mercredi les rebelles yéménites de mener une campagne « brutale » d’arrestations arbitraires et de torture des opposants, depuis qu’ils se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014.
Les milices chiites houthies, qui sont soutenues par les troupes fidèles au président déchu Ali Abdallah Saleh, ont « mené une vague d’arrestations de […] opposants, capturant arbitrairement leurs critiques sous la menace des armes et soumettant certains à une disparition forcée », a déclaré l’organisation de défense des droits de l’homme.
Dans un communiqué, Amnesty a déclaré : « une frénésie d’arrestations arbitraires, de disparitions et de torture par les forces houthies pour persécuter les opposants » fait partie d’une « campagne de dissuasion visant à étouffer la dissidence ».
Le rapport, intitulé « Where is my father? Detention and disappearance in Houthi-controlled Yemen » (« Où est mon père ? Détention et disparition au Yémen sous contrôle houthi »), repose sur un examen détaillé de 60 cas de détention dans Ta’izz, Ibb et Hodeida, selon Amnesty.
Les belligérants participant à des discussions au Koweït ont négocié un accord pour libérer la moitié des détenus et des prisonniers qu’ils retiennent avant le début du mois de jeûne musulman du Ramadan début juin.
Cependant, l’accord était en danger mardi après que le gouvernement yéménite a suspendu sa participation aux négociations de paix, en cours depuis près d’un mois.
Les Houthis ont envahi Sanaa sans rencontrer d’opposition en septembre 2014 et ont continué à étendre leur contrôle dans ce pays pauvre, progressant vers les provinces du sud.
« Les forces houthies ont mené une campagne brutale et délibérée ciblant leurs opposants politiques et d’autres critiques depuis décembre 2014 », a déclaré dans un communiqué James Lynch, directeur régional adjoint.
« La disparition forcée est un crime odieux et ne peut être justifiée en aucune circonstance », a-t-il ajouté.
Amnesty a déclaré que certains détenus ont été emprisonnés pendant des périodes allant jusqu’à 17 mois sans procès ni même voir un procureur ou un juge.
Toujours selon Amnesty, la majorité des personnes ciblées sont des militants, des journalistes et des personnalités affiliées au parti Islah, un parti islamiste ayant quelques liens avec les Frères musulmans.
En mars 2015, une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite a lancé une campagne militaire contre les rebelles après leur avancée sur le refuge du président Abd Rabbo Mansour Hadi dans la deuxième ville du Yémen, Aden. La coalition a également été largement accusée par des groupes de défense des droits humains de commettre des violations flagrantes des droits de l’homme.
Les loyalistes ont depuis réussi à repousser les rebelles hors d’Aden et de quatre autres provinces du sud, mais les Houthis et leurs alliés conservent le contrôle de Sanaa et la majeure partie du nord.
Le conflit a fait plus de 6 400 morts et 2,8 millions de déplacés depuis mars dernier, selon les Nations unies.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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