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Liste noire des droits de l’enfant : Riyad a exercé des « pressions injustifiées » selon Ban Ki-moon

Ban Ki-moon a déclaré que la décision de retirer la coalition « était l’une des décisions les plus douloureuses et difficiles qu’[il] ait eu à prendre »
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avec Adel Ahmed al-Jubeir, ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite (AFP)

La controverse sur le retrait de l’Arabie saoudite de la liste noire des droits de l’enfant de l’ONU a empiré jeudi : le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a critiqué Riyad qui a eu recours à des « pressions injustifiées » afin que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite soit retirée de cette liste accablante.

L’ONU avait prévu de mettre à l’index la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, qui mène une campagne de bombardement aérien au Yémen depuis mars dernier, indiquant dans son rapport annuel que Riyad et son alliance largement arabe étaient responsables de 60 % des 785 enfants tués au Yémen l’an dernier.

Cependant, l’ONU a ensuite retiré la coalition de sa liste en attendant un examen conjoint avec l’alliance saoudienne, après que Riyad s’est dit « profondément déçu » par le rapport et a condamné ses conclusions qualifiées de « follement exagérées ».

Ce revirement a suscité la condamnation générale des groupes de défense des droits de l’homme, qui ont accusé la coalition de ne pas en faire assez pour empêcher la mort de civils. Mercredi, vingt grandes organisations ont appelé Ban Ki-moon à remettre la coalition sur la liste, Human Rights Watch affirmant que cette décision « allait à l’encontre de preuves accablantes ».

« Il est inacceptable pour les États membres d’exercer des pressions injustifiées », a déclaré Ban Ki-moon aux journalistes au siège de l’ONU jeudi.

« L’examen approfondi est une partie naturelle et nécessaire de l’Organisation des Nations unies. »

Des rapports ont émergé plus tôt cette semaine selon lesquels l’ONU a fait marche arrière après que l’Arabie saoudite et ses alliés ont menacé d’arrêter leur financement aux programmes des Nations unies qui aident les réfugiés palestiniens et d’autres causes humanitaires.

La décision de retirer temporairement la coalition de la liste « a été l’une des décisions les plus douloureuses et difficiles que j’ai eu à prendre », a déclaré Ban Ki-moon.

« J’ai aussi dû tenir compte de la perspective très réelle de voir des millions d’autres enfants souffrir gravement si, comme cela m’a été suggéré, certains pays supprimaient des financements à plusieurs programmes de l’ONU », a-t-il ajouté. Le chef de l’ONU a continué à demander aux États membres de défendre les mécanismes de rapport tels que celui de la liste noire annuelle sur les enfants dans les conflits armés.

Ses remarques confirment apparemment les allégations selon lesquelles certains pays avaient menacé de couper des financements clé si le rapport n’était pas revu, bien que Ban Ki-moon n’ait pas été jusqu’à accuser directement l’Arabie saoudite de menacer de mettre fin à ses aides.

L’ambassadeur saoudien Abdallah al-Mouallimi a nié que son gouvernement ait fait pression sur l’Organisation des Nations unies pour qu’elle revienne sur sa décision.

« Nous n’avons pas utilisé la menace ou l’intimidation ni parlé de financement », a-t-il affirmé.

La liste noire a été établie par une décision du Conseil de sécurité de 1999, mais ce dernier a gardé le silence sur le différend concernant la liste de la coalition.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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