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Algérie : le bilan humain des incendies dans plusieurs villes s’alourdit

Ces feux meurtriers ravivent des plaies et le débat sur l’absence d’avions bombardiers d’eau en nombre suffisant, qui avait déjà agité le pays l’été dernier
Un homme regarde le feu ravager les bois dans la région d’Aït Daoud, dans le Nord de l’Algérie, le 13 août 2021. Les incendies de l’été dernier avaient été les plus meurtriers de l’histoire moderne du pays : au moins 90 personnes avaient péri (AFP/Ryad Kramdi)
Par AFP

Au moins 38 personnes ont péri et plusieurs dizaines ont été blessées dans des feux de forêt qui touchaient mercredi quatorze départements du nord de l’Algérie, ravivant le spectre de l’été 2021, le plus meurtrier de l’histoire moderne du pays.

Selon un nouveau bilan établi ce jeudi, 30 personnes sont mortes dans la zone de El Tarf, dans l’extrême Est, près de la frontière avec la Tunisie, 5 à Souk Ahras, 2 femmes à Sétif (Est) et 1 personne à Guelma, toujours dans l’Est, selon la protection civile, les journalistes locaux et la télévision Ennahar.

Plusieurs personnes souffrent de brûlures ou de difficultés respiratoires.

Des images télévisées impressionnantes montrent des habitants de Souk Ahras fuyant leurs maisons face aux flammes.

Selon les médias locaux, plus de 350 familles ont fui leurs logements à Souk Ahras.

La gendarmerie a fermé plusieurs routes à cause des incendies.

« 39 incendies dans 14 wilayas [préfectures] sont en cours », avait indiqué mercredi dans l’après-midi la protection civile, en précisant que la wilaya d’El Tarf enregistrait le plus grand nombre d’incendies avec 16 feux, dont un bon nombre toujours en cours.

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Selon la télévision privée Ennahar, une cinquantaine de personnes sont hospitalisées à El Tarf, une ville d’environ 100 000 habitants.

Des hélicoptères bombardiers d’eau sont intervenus dans trois préfectures dont Souk Ahras, localité d’environ 500 000 habitants. Ceux de la protection civile sont épaulés par des hélicoptères de l’armée.

L’Algérie a affrété un avion bombardier d’eau russe Beriev BE 200. Mais après être intervenu sur différents incendies, il a subi une panne et ne sera à nouveau opérationnel qu’à partir de samedi, selon le ministre de l’Intérieur Kamel Beldjoud.

Ces incendies ravivent des plaies et le débat sur l’absence d’avions bombardiers d’eau en nombre suffisant, qui avait déjà agité le pays l’été dernier.

Annulation de contrat

Selon le site Mena Defense, à la suite de leur brouille avec l’Espagne, les autorités algériennes ont annulé un contrat avec la société espagnole Plysa, filiale spécialisée de la compagnie aérienne Air Nostrum, pour la fourniture de sept avions bombardiers d’eau.

Fin juin, l’Algérie a suspendu un « traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération » conclu en 2002 avec l’Espagne, après le revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental pour s’aligner sur la position du Maroc.

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Aucun plan B n’a été prévu pour remplacer l’ensemble de ces avions espagnols, selon différents médias.

Depuis le début du mois d’août, 106 incendies ont éclaté en Algérie, détruisant 800 hectares de forêt et 1 800 hectares de taillis, a précisé le ministre de l’Intérieur.

« Certains de ces incendies sont provoqués », a affirmé Kamel Beldjoud.

Pays le plus étendu d’Afrique, l’Algérie ne compte que 4,1 millions d’hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76 %.

Chaque année, le Nord du pays est touché par des feux de forêt, mais ce phénomène s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique.

L’été 2021 a été le plus meurtrier : au moins 90 personnes sont mortes dans des feux de forêt qui ont ravagé le Nord, où plus de 100 000 hectares de taillis sont partis en fumée.

Le réchauffement du climat augmente la probabilité des canicules et des sécheresses et, par ricochet, des incendies.

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