Deux Palestiniens, dont un médecin, morts de « tortures » dans une prison israélienne
Deux Palestiniens de Gaza détenus par Israël, dont un médecin de l’hôpital al-Chifa, sont morts derrière les barreaux israéliens, ont indiqué jeudi deux associations palestiniennes de défense des droits des détenus, affirmant qu’ils ont succombé à « des tortures » et à l’absence de soins.
Dans un communiqué commun, le Club des prisonniers et le Comité des affaires des prisonniers palestiniens ont annoncé la mort « de deux détenus de Gaza », dont « le Dr Adnan Ahmed Atiya al-Bursh, 50 ans [...] chef du département d’orthopédie de l’hôpital al-Chifa ». L’autre détenu décédé est Abdel Bari Rajab Khadir, 33 ans.
Tous deux sont morts « des suites des tortures et ‘’crimes médicaux’’ dont sont victimes les détenus de Gaza », affirment les associations, en référence au manque de soins régulièrement dénoncé par les défenseurs des droits humains.
Le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza a condamné « le meurtre [...] sous la torture » du Dr Bursh, affirmant que son décès portait à 492 le nombre de membres du personnel médical tués depuis le début de l’actuelle offensive israélienne à Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par le groupe armé palestinien en Israël.
L’armée israélienne a indiqué à l’AFP « n’être pas informée » de tels faits.
Le Dr Bursh était connu des Palestiniens pour ses interviews aux médias, où il décrivait la situation des hôpitaux de la bande de Gaza, ciblés par l’armée israélienne qui accuse le Hamas de s’en servir comme bases opérationnelles.
Arrêté « par l’armée d’occupation en décembre 2023 dans un hôpital » du nord du territoire palestinien, il est mort dans la prison d’Ofer, en Cisjordanie occupée, le 19 avril, selon les deux associations, qui précisent que sa dépouille y est « toujours retenue ». Le Dr Bursh avait été blessé « il y a cinq mois », ont-elles indiqué, sans préciser son état de santé lors de son arrestation.
Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, s’est dite « extrêmement alarmée » par la mort de l’éminent médecin.
« J’exhorte la communauté diplomatique à intervenir avec des mesures concrètes pour protéger les Palestiniens. Aucun Palestinien n’est aujourd’hui en sécurité sous l’occupation israélienne », a-t-elle écrit sur le réseau social X.
Multiplication des témoignages de torture
Le Club des prisonniers indique qu’au moins dix-huit détenus palestiniens sont morts depuis le 7 octobre, un nombre qui « va augmenter étant donné les témoignages de torture et de brutalité ».
Les organisations de défense des droits de l’homme ont en effet mis en garde contre un niveau de mauvais traitements sans précédent dans les prisons israéliennes, a rapporté Middle East Eye à plusieurs reprises.
Selon des associations de défense des prisonniers palestiniens, l’armée israélienne a arrêté plus de 8 000 Palestiniens rien qu’en Cisjordanie depuis le 7 octobre, dont 280 femmes et au moins 540 enfants.
En avril, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré avoir recueilli des témoignages faisant état de mauvais traitements infligés massivement aux Palestiniens capturés à Gaza par les forces israéliennes, qui ont notamment uriné sur des prisonniers, les ont obligés à se comporter comme des animaux et ont lancé des chiens contre eux, y compris des enfants.
Compte tenu du black-out total qui entoure le traitement des prisonniers palestiniens, les groupes de défense des droits humains s’appuient sur les témoignages des personnes libérées pour documenter les violations dont elles ont été victimes.
Les témoignages des prisonniers palestiniens ont horrifié leurs familles et celles de ceux dont les proches sont toujours en prison.
L’armée israélienne a ouvert une enquête le 19 décembre après la mort en détention de plusieurs Palestiniens arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
L’offensive israélienne à Gaza a tué plus de 34 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, rasé des quartiers résidentiels entiers et ciblé d’autres infrastructures civiles, notamment des écoles, des hôpitaux et des lieux de culte.
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