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Joe Biden prend des sanctions face aux violences « intolérables » de colons israéliens en Cisjordanie

Le décret présidentiel ne s’appliquera toutefois pas aux citoyens américains, bien que des colons israélo-américains soient à l’origine de la montée de la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie
Des soldats israéliens retiennent des colons qui tentent de mener une attaque dans le village de Deir Sharaf près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 2 novembre 2023 (Jaafar Ashtiyeh/AFP)

Les États-Unis ont annoncé jeudi de rares sanctions visant des colons israéliens extrémistes accusés de violences à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, le président Joe Biden dénonçant une situation « intolérable ».

« La situation en Cisjordanie, en particulier les niveaux élevés de violence des colons extrémistes, les déplacements forcés de personnes et de villages, et la destruction de biens, a atteint des niveaux intolérables et constitue une menace grave pour la paix, la sécurité et la stabilité de la Cisjordanie, de Gaza, d’Israël et la région du Moyen-Orient », écrit Joe Biden dans un décret présidentiel.

« Ces actions compromettent les objectifs de la politique étrangère des États-Unis, y compris celui d’une solution à deux États », et représentent à ce titre « une menace pour la sécurité nationale des États-Unis », ajoute-il dans ce décret lui octroyant l’autorité de prendre des sanctions.

Premier allié d’Israël, les États-Unis n’ont de cesse de condamner les violences de colons juifs contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, exhortant les autorités israéliennes à les faire cesser et à en traduire les auteurs devant la justice.

Les nouvelles sanctions américaines visent dans un premier temps quatre personnes, qui seront interdites de séjour aux États-Unis et leurs avoirs éventuels gelés, ont indiqué à l’AFP des responsables américains ayant requis l’anonymat.

Début décembre, les États-Unis avaient déjà annoncé des restrictions de visa contre des colons israéliens extrémistes mais il s’agit ici des premières sanctions financières.

Lors d’un point presse jeudi, un haut responsable américain a précisé que « tous les biens et intérêts de ces individus aux États-Unis ser[aient] bloqués », ajoutant que le décret interdirait également aux Américains de « faire toute contribution ou envoi de fonds » aux personnes sanctionnées.

« En outre, l’entrée des personnes désignées dans le cadre de ce décret présidentiel sera bloquée depuis les États-Unis », a indiqué le responsable.

Ne s’appliquera pas aux citoyens américains

Le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou compte d’ardents défenseurs de la colonisation, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, chef du parti d’extrême droite Force juive.

Le média Axios a rapporté jeudi que l’administration Biden envisageait également d’inclure Itamar Ben-Gvir et le ministre des finances d’extrême droite Bezalel Smotrich sur cette liste de personnes sanctionnées, mais avait finalement décidé de ne pas le faire. Un responsable américain a démenti cette information lors de la conférence de presse.

Netanyahou a pour sa part critiqué le décret, affirmant que la majorité des colons israéliens de Cisjordanie étaient « respectueux des lois ».

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« Israël prend des mesures contre tous les contrevenants à la loi partout dans le monde et il n’est donc pas nécessaire de prendre des mesures inhabituelles sur cette question », a déclaré le Premier ministre israélien dans un communiqué.

Selon un responsable américain, le décret de jeudi ne s’appliquera pas aux citoyens américains, alors que des dizaines de milliers de citoyens américains vivent dans des colonies israéliennes en Cisjordanie. L’interdiction de visa annoncée en décembre ne s’applique pas non plus aux citoyens américains.

Or, certains de ces colons israélo-américains sont à l’origine de la montée de la violence contre les Palestiniens.

La Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, est secouée par un regain de violences depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre.

Selon l’Autorité palestinienne, au moins 364 Palestiniens ont été tués depuis cette date par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie.

Plus de 2,9 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie occupée, séparée de la bande de Gaza par le territoire israélien. Et environ 490 000 Israéliens y vivent également, dans des colonies jugées illégales par le droit international.

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