Jordanie : le prince Hamza présente ses excuses au roi, près d’un an après une affaire présumée de « sédition »
Le prince Hamza de Jordanie, accusé d’être impliqué dans un complot contre la monarchie, a présenté ses excuses au roi Abdallah II, près d’un an après une crise inédite qui a secoué le royaume hachémite, a affirmé mardi le palais royal.
Retour sur les faits. Avril 2021 : Hamza ben Hussein, 41 ans, ancien prince héritier et demi-frère du roi, annonce avoir été « assigné à résidence » dans son palais d’Amman, après avoir été accusé par l’armée d’activités contre « la sécurité du royaume ».
Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, le prince Hamza nie avoir pris part à un complot et accuse les autorités de son pays de « corruption », d’« incompétence » et de « harcèlement ». Et dans un enregistrement audio du prince remis à Middle East Eye, le prince affirme qu’il n’obéira pas aux ordres restrictifs donnés par l’armée.
Le vice-Premier ministre Ayman Safadi a ensuite affirmé que la « sédition » avait été « tuée dans l’œuf », après avoir accusé le prince de 41 ans d’avoir collaboré avec « une puissance étrangère » pour tenter de déstabiliser le royaume.
Selon lui, « une personne ayant des liens avec des services de sécurité étrangers » était entrée en contact avec la femme du prince détenu pour lui proposer de l’évacuer de Jordanie en mettant un avion à sa disposition.
Peu de temps après, un Israélien du nom de Roy Shaposhnik, résidant en Europe, avait affirmé dans un communiqué qu’il n’était « pas et n’avait jamais été un agent du renseignement israélien ni d’aucun autre pays », mais seulement « un ami du prince Hamza ».
La promesse de « rester fidèle »
L’affaire avait été beaucoup commentée en Jordanie, car, comme l’a rappelé le politologue Munther al-Huwwarat à MEE, « les divisions au sein de la famille royale sont inattendues ».
Selon un communiqué du palais royal, le prince Hamza a envoyé une lettre d’excuse au souverain jordanien à la suite d’une réunion qui a eu lieu entre les deux hommes dimanche
Hamza est le fils aîné du roi Hussein et de son épouse américaine, la reine Noor, née Lisa Halaby.
Après de brillantes études (académie royale militaire de Sandhurst au Royaume-Uni, université de Harvard), il a embrassé une carrière militaire et a même servi en ex-Yougoslavie dans une unité jordano-émiratie.
Sportif accompli, il est aussi un pilote émérite. Mais à la mort du souverain, en février 1999, Hamza étant trop jeune pour lui succéder, c’est Abdallah, fils aîné de la reine Muna, deuxième épouse du roi, qui accèdera au trône.
Hamza a par la suite été pardonné par le roi après avoir refait acte d’allégeance en promettant de lui « rester fidèle ».
En juillet, deux anciens hauts responsables ont été condamné à quinze ans de prison dans cette affaire pour « sédition ». Le prince Hamza, 41 ans, n’était pas jugé lors de ce procès, son cas ayant été résolu au sein de la famille royale.
Selon le communiqué du palais royal, le prince Hamza a envoyé une lettre d’excuse au souverain jordanien à la suite d’une réunion qui a eu lieu entre les deux hommes dimanche.
La Jordanie « a traversé une épreuve difficile, qui a été surmontée grâce à la sagesse, la tolérance et la patience de Sa Majesté », a écrit le prince Hamza dans sa lettre, toujours selon le palais royal.
Dans sa missive, rédigée « après des mois de réflexion », il appelle le souverain à « tourner la page », tout en reconnaissant avoir commis « une erreur » en critiquant le pouvoir.
Les excuses du prince Hamza « représentent un pas dans la bonne direction », a commenté le palais royal.
Le roi Abdallah II avait nommé Hamza prince héritier en 1999, à la demande de son défunt père. Mais il l’avait démis de ses fonctions en 2004 pour nommer son fils, le prince Hussein, prince héritier en 2009.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].