Aller au contenu principal

« Continuez à les tuer », tweete un député israélien après le raid de Jénine

Almog Cohen, élu du parti Force juive, n’en est pas à sa première publication incendiaire sur les réseaux sociaux
Des Palestiniens lancent des pierres sur un bulldozer de l’armée lors d’un raid israélien meurtrier dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 26 janvier 2023 (AFP)
Par MEE

Un député israélien d’extrême droite a tweeté « continuez à les tuer » après le raid israélien meurtrier à Jénine qui a causé la mort de neuf Palestiniens jeudi. La publication a depuis été supprimée par la plateforme.

Almog Cohen, membre de la Knesset issu du parti Force juive, a tweeté : « Un beau travail, professionnel, des combattants à Jénine, continuez à les tuer. »

Après les nombreuses condamnations en ligne, le message a été supprimé pour avoir « violé les règles de Twitter ».

Jeudi, les forces israéliennes ont attaqué le camp de réfugiés de Jénine, tuant neuf Palestiniens et en blessant vingt autres, lors de l’un des assauts les plus meurtriers de ces dernières années en Cisjordanie occupée.

Plusieurs soldats lourdement armés ont fait irruption dans le camp jeudi matin, prenant pour cible un bâtiment utilisé comme lieu de rencontre pour les habitants.

Ces derniers décès portent à 30 le nombre de Palestiniens tués ce mois-ci, dont au moins 6 mineurs.

« Ceux-là se souviennent de ce que j’ai fait dans l’armée »

Almog Cohen, qui siège à la Knesset depuis les élections du 1er novembre dernier, a servi pendant onze ans au sein d’une équipe du RAID de la police israélienne.

En octobre, il a publié une photo prise il y a neuf ans où on le voit agenouillé au-dessus de trois Palestiniens de la ville de Rahat, Taleb al-Touri et ses deux fils Rauf et Nidal, ligotés au sol.

La photo était accompagnée de la légende : « Ceux-là se souviennent de ce que j’ai fait dans l’armée », avec un emoji faisant un clin d’œil.

En 2013, les trois Palestiniens avaient témoigné que des policiers les avaient ligotés, violentés au niveau de l’entrejambe, avaient uriné sur leurs visages et les avaient menacés « d’une balle dans la tête ». Aucune mesure disciplinaire n’a jamais été prise contre l’un d’entre eux.

La photo a toutefois permis aux trois Palestiniens d’identifier Almog Cohen comme l’un des officiers les ayant attaqués et d’appeler le ministère de la Justice à rouvrir l’affaire. Celle-ci avait été classée car les officiers ne pouvaient pas être identifiés, selon la cellule d’enquête.

Neuf Palestiniens tués lors d’un raid israélien en Cisjordanie
Lire

En mai, Cohen a fondé un groupe d’autodéfense armé pour patrouiller dans le sud d’Israël afin de « lutter contre le crime parmi les bédouins ». Il a effacé ses comptes sur les réseaux sociaux en août.

Il n’est pas le premier responsable israélien d’extrême droite à célébrer le meurtre de Palestiniens.

Itamar Ben-Gvir, le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, a qualifié de « héros » un soldat qui a tué un Palestinien en décembre et salué le meurtre comme « précis, rapide et rigoureux ».

Selon les données compilées par Middle East Eye, les forces israéliennes ont tué plus de Palestiniens en Cisjordanie occupée en 2022 que durant toute autre année depuis la deuxième Intifada.

Au moins 220 personnes sont mortes dans des attaques israéliennes dans les territoires occupés en 2022, dont 48 enfants. Sur le nombre total de personnes tuées, 167 provenaient de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et 53 de la bande de Gaza.

Parmi les personnes tuées en Cisjordanie l’année dernière, 55 l’ont été à Jénine – le bilan le plus élevé de toute la Palestine occupée.

Traduit de l’anglais (original).

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].