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Ukraine : Kyiv accuse la Russie d’avoir bombardé une mosquée à Marioupol, sur place la situation est confuse

Plus de 80 adultes et enfants, dont des citoyens turcs, se cachent dans la mosquée du sultan Soliman le Magnifique à Marioupol. Selon le président de l'association qui gère le lieu de culte, cette dernière n'a pas été endommagée
Des personnes traversent un pont détruit alors qu’elles évacuent la ville d’Irpin, au nord-ouest de Kyiv, lors de bombardements et de bombardements intensifs le 5 mars 2022 (AFP)

« La mosquée du sultan Soliman le Magnifique et de son épouse Roxolana à Marioupol a été bombardée par les envahisseurs russes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères ukrainien dans un tweet.

« Plus de 80 adultes et enfants s’abritent là, dont des citoyens turcs », a-t-il ajouté, sans préciser quand le bombardement aurait eu lieu. 

Cette ville stratégique, ciblée depuis des jours, subit un siège dévastateur. 

Vendredi, Piotr Andriouchtchenko, adjoint au maire de Marioupol, a écrit sur Facebook que des bombardements étaient en cours en direction de la mosquée.

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« Est-ce que M. Erdoğan sait qu’en quelques minutes [le bombardement] peut détruire la vie de 86 de ses concitoyens ? », a-t-il écrit, se référant au président turc.

« Le chef de la nation [turque] observera-t-il calmement l’anéantissement inhumain des citoyens turcs, en se limitant à la garantie de négociations insensées entre la Fédération de Russie et l’Ukraine ? », poursuivait l’adjoint du maire.

Ce samedi, le gouvernement turc refusait toujours de réagir officiellement à ces frappes, ce qui suscite l’anxiété des proches qui s’y abritaient.

Le ministère turc des Affaires étrangères, contacté par l’AFP, a affirmé « ne pas avoir d’information ».

Une incertitude intenable pour les proches.

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« Mon frère, Sahin Beytemur, vit depuis huit ans à Marioupol. Nous n’avons pas de nouvelles depuis samedi dernier. Il nous avait dit qu’ils iraient à la mosquée si la situation empirait », a confié à l’AFP la sœur de ce commerçant turc de 38 ans. 

« Il n’y avait pas d’abri dans sa maison, c’est pourquoi nous pensons qu’il s’est rendu à la mosquée », un édifice inauguré en 2007.

Sur Twitter, plusieurs messages angoissés réclamaient encore des nouvelles de leurs proches : « Bonjour, nous aimerions entendre nos proches à Marioupol de qui nous sommes sans nouvelles depuis 11 jours (...) Nous ne savons même pas s’ils sont en vie », écrivait une personne, désespérée.

Cependant, le président de l’Association de la mosquée Soleiman de Marioupol, Ismail Hacioglu, joint par la chaîne turque HaberTürk samedi en début d’après-midi, a assuré que le quartier était sous le feu mais que la mosquée elle-même n’avait pas été touchée.

« Les Russes bombardent la zone (...) qui se trouve à 2 km de la mosquée, et une bombe est tombée à une distance de 700 m de la mosquée », avait-il indiqué auparavant sur Instagram.

Trente civils turcs se trouvent à l’intérieur de l’édifice, « dont des enfants », a-t-il dit, sans en préciser le nombre.

Le consulat de Turquie à Odessa, grand port du sud de l’Ukraine, avait appelé le 7 mars sur Twitter les ressortissants turcs présents à Marioupol à « se mettre à l’abri » dans la mosquée visée, « en vue d’une évacuation vers notre pays ».

Des évacuations difficiles

La Turquie, proche allié de l’Ukraine, cherche à maintenir une position neutre entre les deux belligérants et a refusé de couper les liens avec Moscou.

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Ankara, qui tente une médiation depuis le début de la crise, a ainsi obtenu la première réunion des ministres des Affaires étrangères des deux pays, jeudi, à Antalya.

Les officiels turcs ont cependant confirmé vendredi que son ambassade à Kyiv était en cours d’évacuation.

Ankara aide ses citoyens à quitter l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, le 24 février. Le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a déclaré que 13 719 citoyens ont été évacués du pays.

Des négociations sont en cours entre la Russie et l’Ukraine en vue d’ouvrir un corridor humanitaire pour permettre le passage en toute sécurité de ceux qui sont pris au piège à Marioupol, mais elles n’ont pas encore abouti.

La « pire catastrophe humanitaire de la planète »

Depuis des jours, les Ukrainiens affirment que l’armée russe pilonne la route d’évacuation, empêchant les évacuations.

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« J’espère beaucoup que la journée se passera bien, que les itinéraires prévus seront bien ouverts et que la Russie respectera ses obligations concernant le respect du cessez-le-feu », a déclaré Mme Verechtchouk, dans une vidéo mise en ligne sur le site de la présidence ukrainienne. 

Les habitants, terrés dans les caves, sont sans eau, sans gaz, sans électricité, sans communications, et on y voyait ces derniers jours des gens se battre pour de la nourriture, une situation « quasi désespérée », a alerté vendredi Médecins sans frontières (MSF).

« Marioupol assiégée est à présent la pire catastrophe humanitaire sur la planète », avec « 1 582 civils tués en 12 jours », avait accusé vendredi le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

Un hôpital pédiatrique et une maternité avaient été touchés mercredi, faisant trois morts et de nombreux blessés, suscitant un tollé international. 

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