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Présidentielle française : que peuvent attendre les Palestiniens des différents candidats ?

À quelques jours du premier tour de la présidentielle, Middle East Eye passe en revue la position des principaux candidats sur la question israélo-palestinienne. Sans surprise, il n’y a guère plus que ceux de l’extrême gauche qui restent sensibles à leur destinée
Démolition de maisons palestiniennes par l’armée israélienne dans la « zone C » de la Cisjordanie occupée, le 28 décembre 2021 (AFP/Hazem Bader)
Démolition de maisons palestiniennes par l’armée israélienne dans la « zone C » de la Cisjordanie occupée, le 28 décembre 2021 (AFP/Hazem Bader)

Ces dernières années, à la faveur des bouleversements géopolitiques régionaux et mondiaux, les Palestiniens ont dû s’habituer, bon gré mal gré, à ce que leur sort perde de sa centralité.

À peine ont-ils fait un retour spectaculaire sur le devant de l’actualité en mai 2021, mais à quel prix : il aura fallu que la bande de Gaza soit pilonnée par l’armée israélienne pour que le monde se préoccupe à nouveau de questions pourtant toujours brûlantes, telles que le siège de Gaza, la colonisation en Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, l’avenir des réfugiés ou encore celui des Palestiniens de 1948 – les citoyens palestiniens d’Israël souvent appelés dans les médias « arabes israéliens ».

Si les forces politiques en présence en France ont alors à peu près toutes réagi, l’intensité et la profondeur des débats étaient nettement en deçà de l’émoi mondial que ce nouvel épisode mortel a provoqué.

Car si les difficultés auxquelles font face les Palestiniens n’occupent que rarement la une des médias français, les questions de droit et de justice restent des marqueurs extrêmement scrutés par l’opinion publique. Un contraste qui en dit long sur la sensibilité de ce débat en France.

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Dans le champ politique, du reste, le soutien aux Palestiniens se fait de plus en discret, un processus qui ne cesse de s’amplifier d’année en année. Alors que les formations de droite et d’extrême droite se sont toutes alignées sur le partenaire israélien – il convient de rappeler que la droite gaulliste en son temps avait pris des positions en faveur des Palestiniens –, une ligne de fracture béante apparaît dans la gauche française.

Une réalité d’autant plus surprenante que les sympathisants de la gauche française restent, pour beaucoup, préoccupés par les abus répétés d’Israël, créant ainsi une sorte de dichotomie entre les exigences citoyennes et les réponses de leurs représentants politiques, qui semblent peu désireux de s’aventurer sur ce terrain.

Afin d’y voir plus clair, Middle East Eye vous propose un décryptage du positionnement de quelques-uns des candidats à la présidentielle.

Sans surprise, l’immense majorité du spectre politique, à l’exception de l’extrême gauche, a basculé dans un soutien presque inconditionnel à Israël.

Jean-Luc Mélenchon : l’application des résolutions de l’ONU

Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, participe à un débat télévisé à BFMTV, à Paris, le 23 septembre 2021 (AFP/Bertrand Guay)
Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, participe à un débat télévisé sur BFMTV, à Paris, le 23 septembre 2021 (AFP/Bertrand Guay)

Le leader de La France insoumise (LFI) semble être un des plus fidèles soutiens à la cause palestinienne. Dans son programme L’Avenir en commun, Jean-Luc Mélenchon défend l’application pleine et entière des résolutions de l’ONU, avec « la reconnaissance d’un État palestinien ayant le droit à la continuité territoriale, sur la base de la solution à deux États », ainsi que le retour des réfugiés.

Jean-Luc Mélenchon, qui demande en outre des condamnations au plus haut sommet de l’État pour « la spoliation de biens palestiniens et l’expulsion de nombre d’entre eux par Israël », s’est engagé depuis 2013 – alors avec le Front de gauche – dans le soutien à la plateforme Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Un positionnement qui lui a attiré les foudres du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), organisme auquel il reprochait en 2017 un « communautarisme particulièrement agressif ». Des déclarations qui sont intervenues au moment même où la structure appelait Emmanuel Macron à suivre la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

Plus récemment, après l’interdiction de manifestations de soutien au peuple palestinien par la préfecture de Paris pendant le bombardement de la bande de Gaza, Mélenchon prenait position en déclarant : « La France, seul pays au monde où sont interdites toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens et de protestation contre le gouvernement d’extrême droite israélien ! ». 

Philippe Poutou : rompre la « tragique solitude des Palestiniens »

Philippe Poutou, membre du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et candidat à l’élection présidentielle française de 2022 (AFP/Damien Meyer)
Philippe Poutou, membre du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et candidat à l’élection présidentielle française de 2022 (AFP/Damien Meyer)

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a lui aussi toujours eu un positionnement clair en faveur du droit des Palestiniens. D’ailleurs, il était présent lors de plusieurs manifestations à Bordeaux en mai dernier, lors de l’offensive israélienne sur Gaza.

Un positionnement qu’il explique par « une solidarité militante », et qui s’oriente autour de deux principaux axes : rompre la « tragique solitude du peuple palestinien » en reconnaissant la légitimité de l’ensemble de ses droits d’une part, « isoler l’État d’Israël, notamment au moyen de la campagne BDS », d’autre part. 

« Dans un rapport de forces aussi défavorable, il s’agit donc à la fois de venir en soutien au plus faible et de briser la toute-puissance et l’impunité du plus fort. Il ne peut y avoir de paix sans justice, et la justice passe par la fin de toutes les politiques coloniales et discriminatoires d’Israël », affirme-t-il.

Concernant le BDS, Philippe Poutou assume être « en faveur du droit au boycott, et du droit d’appeler au boycott », expliquant qu’il s’agit avant tout « d’un acte militant, citoyen, que rien ne saurait entraver ».

En outre, Philippe Poutou déclare dans une réponse au collectif Palestine Vaincra publiée sur son site de campagne être largement favorable « à la mise en place d’un embargo militaire contre l’État d’Israël », argumentant que le pays reste « totalement dépendant » des aides reçues de l’étranger.

Une solution qui contribuerait selon lui à « rééquilibrer le rapport de forces, du moins à isoler et affaiblir Israël et à lui signifier, concrètement, que l’occupation, la colonisation et les discriminations ont un coût, et qu’elles ne pourront perdurer éternellement ».

Fabien Roussel : la Palestine comme l’Afrique du Sud en son temps

Le candidat présidentiel du Parti communiste français, Fabien Roussel, prononce un discours lors d’un meeting au Cirque d’Hiver à Paris, le 10 mars 2022 (AFP/Emmanuel Durand)
Le candidat présidentiel du Parti communiste français, Fabien Roussel, prononce un discours lors d’un meeting au Cirque d’Hiver à Paris, le 10 mars 2022 (AFP/Emmanuel Durand)

Marqué par un soutien historique de son parti à la cause palestinienne, le secrétaire général du Parti communiste français (PCF) se positionne également en faveur du respect du droit international.

Ainsi, dans un texte publié sur son site de campagne, Fabien Roussel et son équipe affirment que « la France doit s’exprimer clairement en faveur du droit et de la justice : la colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie doit immédiatement prendre fin, les prisonniers politiques palestiniens doivent être libérés, à commencer par Marwan Barghouti ». 

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Il estime que les Palestiniens doivent disposer de leur État « dans les frontières de 1967 » et ajoute « qu’ils doivent pouvoir vivre libres aux côtés d’Israël, appelant à la fin des « discriminations » de la part de l’État israélien.

Ainsi, Fabien Roussel rejoint les autres leaders de la gauche radicale dans leur volonté de faire pression sur Israël afin que soient respectées toutes les résolutions des Nations unies, et que des sanctions soient appliquées contre le pouvoir israélien.

Il appelle enfin la France à reconnaître l’État de Palestine, et condamne fermement toute confusion entre antisémitisme et antisionisme : « On doit pouvoir dire que la politique menée par le gouvernement israélien est condamnable, sans pour autant être taxé d’antisémite ! », a-t-il martelé sur les ondes de Sud Radio.

Il a rappelé à cette occasion que son parti était « l’un des seuls à s’être élevés » contre l’apartheid en Afrique du Sud, et n’a pas manqué de dresser un parallèle avec la situation vécue par les Palestiniens.

Anne Hidalgo : à contre-courant des idées de gauche

Le 10 mai 2015, à l’occasion d’une visite au Proche-Orient, Anne Hidalgo s’entretenait avec l’ancienne ministre de la Justice Tzipi Livni (à droite) et Isaac Herzog (au centre), aujourd’hui président israélien (AFP)
Le 10 mai 2015, à l’occasion d’une visite au Proche-Orient, Anne Hidalgo s’entretenait avec l’ancienne ministre de la Justice Tzipi Livni (à droite) et Isaac Herzog (au centre), aujourd’hui président israélien (AFP)

À elle seule véritable ligne de fracture au sein de la gauche en raison de sa sympathie envers plusieurs acteurs israéliens – et notamment le maire de Tel Aviv –, la candidate du Parti socialiste (PS) Anne Hidalgo n’a eu de cesse ces dernières années d’affirmer son soutien à Israël.

Il semble loin le temps où elle décorait à l’hôtel de ville de Paris le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas de la médaille Grand Vermeil, en hommage à « son action pour la paix ».

Successivement, elle mettra à l’honneur Tel Aviv dans le cadre de Paris Plages – une décision vivement critiquée –, puis inaugurera une « place de Jérusalem » afin de vanter les liens entre la capitale française, la communauté juive de France et Israël. 

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Là encore, une décision qui choquera à gauche, le statut de la ville de Jérusalem étant encore à définir dans le cadre de négociations entre les parties (d’où la présence des ambassades étrangères à Tel Aviv) et sa partie orientale étant considérée par la communauté internationale comme un territoire palestinien illégalement occupé et annexé par Israël. De fait, des milliers de Palestiniens, chrétiens comme musulmans, continuent d’y vivre sous une pression constante des autorités israéliennes et des colons juifs.

Néanmoins, rien de neuf du côté du PS, tant Anne Hidalgo semble marcher dans les pas de certains de ses prédécesseurs. Ainsi, le Parti socialiste, dès sa création en 1971, se positionnait sur les postures très israéliennes de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO).

Bien que la position du PS ait évolué au fil des décennies, les liens entretenus avec les travaillistes israéliens ont constitué la colonne vertébrale de la politique du parti.

Et si François Mitterrand fera tout pour exfiltrer le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat à deux reprises – la première de Beyrouth en 1982 sous la menace israélienne et la seconde de Tripoli en 1983 sous la menace syrienne cette fois –, les deux dernières décennies n’auront été qu’une succession de prises de position favorables à Israël.

Ainsi, Anne Hidalgo n’échappe pas à la règle. Celle qui est considérée comme « une vraie amie d’Israël » par le maire de Tel Aviv Ron Huldai – lequel a soutenu sa candidature à la présidentielle – a approuvé la décision du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’interdire les manifestations pro-Palestine à Paris en mai 2021. 

« Je soutiens que, compte tenu du contexte difficile, inflammable, de cette tentation que nous connaissons depuis toujours d’importer le conflit israélo-palestinien ici, en France et à Paris, je pense que c’est une décision sage et en tant que maire de Paris, je l’approuve », a-t-elle déclaré.

Yannick Jadot : le mot « apartheid » n’est pas approprié

Yannick Jadot, candidat du parti Europe Écologie - Les Verts, assiste à une manifestation de soutien à l’Ukraine devant l’ambassade de Russie à Paris, le 22 février 2022 (AFP/Ludovic Marin)
Yannick Jadot, candidat du parti Europe Écologie Les Verts, assiste à une manifestation de soutien à l’Ukraine devant l’ambassade de Russie à Paris, le 22 février 2022 (AFP/Ludovic Marin)

Le candidat d’Europe Écologie Les Verts (EELV) semble marcher sur des œufs lorsqu’il aborde les questions israélo-palestiniennes.

D’un côté, il prend volontiers des positions fermes lorsque les Palestiniens sont attaqués et n’hésite pas à s’insurger publiquement. Ce fut le cas avec un tweet lors de l’offensive israélienne l’an passé. « En tant que député européen, je me suis battu pour bloquer les préférences dont bénéficient les produits issus des colonies, j’ai soutenu la Cour pénale internationale… Mais ni la France ni l’Europe ne sont à la hauteur face à la dégradation des relations ces dernières années, entre un Mahmoud Abbas d’une faiblesse crasse et un Netanyahou qui construit une majorité avec l’extrême droite », déclarait-il en mai dernier à Mediapart

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Accusé par Caroline Fourest d’héberger un sentiment de défiance élevé envers la communauté juive sur Radio J, Yannick Jadot s’est indigné. Le 13 février dernier, invité sur les ondes de ce média, il a qualifié Éric Zemmour de « juif de service pour les antisémites ».

S’il semble lucide sur les différents scénarios possibles, il affirme croire en la possibilité que l’ultranationaliste Naftali Bennett apporte des solutions concrètes aux injustices vécues par les Palestiniens : « J’attends du gouvernement Bennett plus d’initiatives pour sortir de la crise. Aujourd’hui, il y a deux choix : soit une solution à deux États, et il faudra arrêter la colonisation illégale, soit un État commun binational dans lequel chacune et chacun devra avoir les mêmes droits », a-t-il déclaré au micro de Frédéric Haziza.

Interrogé par ce dernier sur le rapport d’Amnesty International accusant Israël de crimes d’apartheid, il semble pratiquer une langue de bois qui contraste avec les positions de son parti : « À partir du moment où il y a dans la loi de 2018 [sur « l’État-nation du peuple juif »] des droits différents entre les Israéliens juifs et les Israéliens arabes, je ne sais pas s’il faut qualifier cela d’apartheid, mais cela ne sert pas la démocratie. […] Mais le mot apartheid a une signification tellement violente en Afrique du Sud que je ne vais pas aujourd’hui appliquer cette violence à Israël. Je veux être optimiste. »

Emmanuel Macron : bientôt sur les pas de Donald Trump ?

Le président français Emmanuel Macron, s’il est réélu, pourrait bien être tenté de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël (AFP/Ludovic Marin)
Le président français Emmanuel Macron à Jérusalem en janvier 2020 (AFP/Ludovic Marin)

Durant son mandat, il est peu dire que le président-candidat a été un allié de poids du gouvernement Netanyahou.

Il restera de ces cinq années des faits particulièrement significatifs, en particulier sa déclaration du 16 juillet 2017 – quelques mois après son investiture –, lors du discours d’inauguration de la rafle du Vél d’Hiv, où il déclarait : « Nous ne cèderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. »

Et si le président de la République a fini, en 2019, par renoncer au projet de loi qui aurait criminalisé toute critique de la politique israélienne, l’adoption de la « résolution Maillard »  – qui reprend la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA) intégrant l’antisionisme dans la définition de l’antisémitisme – fait office de lot de consolation. Bien que non contraignante, elle n’en reste pas moins représentative de l’état d’esprit qui anime son camp politique.

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Le 20 mars dernier à Toulouse, lors des commémorations des tueries perpétrées par Mohamed Merah, Emmanuel Macron a associé les problèmes sécuritaires d’Israël à ceux de la France, insinuant ainsi qu’il y aurait un tronc commun aux problèmes des deux pays.

« Nous sommes là pour rappeler que la France et Israël sont ensemble déterminés à vaincre le terrorisme sous toutes ses formes et sur tous les fronts. Et que nous sommes déterminés à anéantir l’antisémitisme, y compris celui qui se cache sous le masque de l’antisionisme », a-t-il martelé, ajoutant fièrement avoir fait dissoudre « deux collectifs antisémites, dont le collectif toulousain Palestine vaincra ».

Cette confusion des genres entre la question israélo-palestinienne, « l’islamisme », « l’islamogauchisme » et l’antisionisme, chère à l’extrême droite, Emmanuel Macron l’a faite sienne. Une manière subtile de discréditer tout message de soutien aux Palestiniens, en disqualifiant d’office ceux qui le portent.

Il semble d’ailleurs chaque année disposé à donner plus de gages au CRIF : absent lors du dernier dîner du 24 février dernier pour cause d’invasion russe en Ukraine, il a tout de même préparé un texte qui a été lu par son Premier ministre Jean Castex : « Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif, je n’ai jamais cessé de le dire. […] Comme vous, je m’inquiète de la résolution des Nations unies sur Jérusalem qui continue d’écarter, à dessein et contre toute évidence, la terminologie juive de “mont du Temple”. » 

Alors, Emmanuel Macron est-il en train de préparer, comme le CRIF le lui demande, le déplacement de l’ambassade française à Jérusalem ? La signature par un certain nombre de pays arabes des accords d’Abraham de normalisation des relations avec Israël et l’évolution du contexte international laissent grandement la place au doute.

Valérie Pécresse : soutien tous azimuts à Israël

Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle de droite française Les Républicains (LR), lors d’un rassemblement électoral au centre des congrès de Saint-Raphaël, le 1er avril 2022 (AFP/Clément Mahoudeau)
Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle Les Républicains (LR), lors d’un rassemblement électoral au centre des congrès de Saint-Raphaël, le 1er avril 2022 (AFP/Clément Mahoudeau)

Si elle assure chercher par-dessus tout « le retour de la paix », la candidate du parti Les républicains (LR) assume néanmoins pleinement son soutien total à Israël.

En 2015, elle avait d’ailleurs jugé « scandaleuse » la polémique née à la suite de la mise à l’honneur de Tel Aviv dans l’opération Paris Plages de Anne Hidalgo, prétextant « des relents antisémites » dans le pays.

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La visite de son conseiller Éric Ciotti en Israël ces derniers jours a par ailleurs été riche en enseignements : sur la chaine francophone israélienne I24News, ce dernier a déclaré qu’il était « du devoir de tout responsable politique de redire notre soutien à la seule démocratie de cette région tourmentée du monde ».

« Israël et la France partagent la même civilisation et le même regard sur le monde et nous avons un devoir de solidarité et de fraternité », a-t-il ajouté.

Éric Ciotti a également regretté que l’Europe n’ait pas participé aux accords d’Abraham, donnant ainsi une ligne directrice à la candidate LR.

Lors de la guerre à Gaza l’année passée, qui a fait 256 morts palestiniens, dont 66 enfants (et treize morts en Israël), Valérie Pécresse jugeait « légitimes » les « ripostes d’Israël », « à la suite des pluies de bombes envoyées sur Israël par le Hamas, organisation terroriste ».

Tout comme les deux candidats d’extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour, son obsession pour l’islam et le monde musulman semble dicter son soutien à Israël, emmenant de facto des questions politiques et coloniales sur le terrain religieux.

Marine Le Pen : Israël comme outil de dédiabolisation

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, assiste à l’émission politique Élysée 2022 sur France 2, le 3 mars 2022 (AFP/Christophe Archambault)
Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, assiste à l’émission politique « Élysée 2022 » sur France 2, le 3 mars 2022 (AFP/Christophe Archambault)

Si la candidate du Rassemblement national (RN) n’a jamais été accusée d’antisémitisme, elle évolue en terrain miné : certains membres de son parti l’ont été, en particulier son père, dont personne n’a oublié les sorties sur les chambres à gaz.

Ainsi, Marine Le Pen a tâché ces dernières années de montrer au grand jour toute sa sympathie envers l’État d’Israël, une carte maîtresse dans la dédiabolisation de son parti, et qui se couple parfaitement avec son aversion pour le monde musulman. 

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Par ailleurs, son parti compte un mouvement représentant les militants de confession juive, créé en 2019 par Jean-Richard Sulzer, membre du conseil national du RN, qui veille à ce que les vieux démons de la famille Le Pen ne ressurgissent pas.

Dans ces conditions, difficile d’imaginer Marine Le Pen se montrer trop critique envers la politique israélienne. C’est d’ailleurs son soutien, Gilbert Collard, qui l’a affirmé sans détour en 2021 au média Israel Magazine : « Si Marine Le Pen est élue, l’ambassade de France sera transférée à Jérusalem […] J’avais dit au Parlement français qu’Israël est le dernier bastion de l’Occident au Proche-Orient. Et c’est ce bastion occidental que l’on veut déraciner. »

Néanmoins, il est à noter que Marine Le Pen n’a pas voté en faveur de la résolution Maillard, estimant que « la politique d’Israël doit pouvoir être critiquée ». « L’antisionisme, ça veut tout et rien dire […] Cela peut remettre en cause l’existence d’Israël et ça peut aussi contester la politique […] menée parfois par Israël », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à BFM TV.

Éric Zemmour : les Palestiniens ont perdu la bataille

Le président du parti et candidat à la présidentielle Éric Zemmour prend la parole lors d’un meeting de campagne sur la place du Trocadéro à Paris le 27 mars 2022 (AFP/Julien De Rosa)
Le candidat à la présidentielle Éric Zemmour prend la parole lors d’un meeting de campagne sur la place du Trocadéro à Paris le 27 mars 2022 (AFP/Julien De Rosa)

Le polémiste d’extrême droite se montre plutôt clair sur la question et prône la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Éric Zemmour a également dénoncé sur Twitter le soutien et le vote de la France à la résolution 129-11 du 1er décembre 2021 de l’ONU, qui vise à préserver le maintien du « statut historique » dans les lieux saints, une manière pour le candidat de revendiquer la légitimité juive sur l’esplanade des Mosquées, actuellement administrée par la Jordanie.

Sur la question de la pertinence d’un État palestinien, en novembre 2021, il répondait froidement sur I24News : « Je pense que c’est une logorrhée dépassée, que la diplomatie française s’accroche à une stratégie qui avait sans doute son intelligence politique dans les années 1960 et 1970, mais qui est aujourd’hui surannée, car je pense que les Palestiniens ont perdu la bataille et qu’il n’y aura à l’échelle humaine jamais d’État palestinien. »

En janvier dernier, il affirmait au média israélien Maariv qu’Israël ne faisait que « défendre ses intérêts » et qu’il avait « absolument raison ». « Ce n’est pas moi qui vais critiquer Israël », a-t-il ajouté.

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