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Guerre Israël-Palestine : le roi de Jordanie, allié des États-Unis, face à un « scénario cauchemardesque »

Le roi Abdallah II est confronté à la multiplication des appels réclamant l’annulation du traité de paix entre la Jordanie et Israël, alors que des diplomates et des experts mettent en garde contre une situation « explosive » dans le royaume hachémite
Le roi Abdallah II (au centre), le prince héritier Hussein (2e à droite) et le prince Hashem ben Abdallah (3e à droite) de Jordanie visitent la base aérienne Roi Abdallah II et l’escadre de reconnaissance aérienne Prince al-Hussein ben Abdallah II, le 24 juillet 2022 (AFP)

Lorsque des agents du Mossad ont empoisonné un dirigeant du Hamas en Jordanie en 1997, le roi avait exigé du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qu’il fournisse l’antidote pour le sauver. Dans le cas contraire, le traité de paix de 1994 entre Israël et la Jordanie aurait été en péril et les agents du Mossad qui avaient bâclé cette tentative de meurtre auraient été traduits en justice.

Vingt-six ans plus tard, Khaled Mechaal, ex-chef du Hamas, est vivant et vit au Qatar, d’où il appelle à manifester contre Israël, et le traité de paix israélo-jordanien est toujours en vigueur.

Netanyahou est de nouveau au pouvoir, cette fois de concert avec les généraux israéliens, planifiant une invasion terrestre de Gaza, tandis que des manifestations dénonçant Israël et les États-Unis submergent la capitale jordanienne, Amman.

La pression s’intensifie sur le roi Abdallah II de Jordanie, soutenu par les États-Unis, pour qu’il prenne des mesures contre Israël, comme l’a fait son père, le défunt roi Hussein, lors de la querelle connue sous le nom d’« affaire Mechaal ».

Au moins 1 400 Israéliens ont été tués lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. Plus de 7 000 Palestiniens à Gaza ont été tués dans la campagne de bombardement menée par Israël, dont 2 913 enfants et 1 709 femmes, selon le bilan arrêté ce jeudi.

On estime qu’environ 1 650 personnes sont portées disparues, dont 940 enfants. La grande majorité sont présumées mortes et leurs corps seraient pris au piège sous les décombres.

« Israël est en train d’assiéger Gaza et a le doigt sur la gâchette pour expulser tous les Palestiniens », indique à Middle East Eye un ancien haut commandant militaire jordanien. « Que faut-il de plus ? Tout le monde veut que le traité de paix soit déchiré. »

Les appels lancés au roi Abdallah II – dans la rue et au sein du gouvernement – pour qu’il rompe tout lien avec Israël soulignent l’étau de plus en plus serré dans lequel le monarque est pris depuis le début de la guerre israélo-palestinienne le 7 octobre, et alors que les craintes d’un conflit régional plus large s’intensifient.

« Je m’inquiète de ce qui va se passer en Jordanie », confie à MEE Bruce Riedel, ancien analyste du Moyen-Orient pour la CIA et auteur de Jordan and America: An Enduring Friendship.

« Le roi Abdallah est soumis à une pression énorme et n’a pas de bonnes options. »

« De connivence avec les Américains »

Coincée entre l’Irak, la Syrie, Israël, la Cisjordanie occupée et l’Arabie saoudite, la Jordanie se targue d’être un bastion de stabilité dans un voisinage volatil.

Amman est l’une des capitales les plus favorables aux États-Unis dans la région, la ville de choix de facto pour les ONG occidentales et les étudiants en langue arabe. 

La monarchie hachémite de Jordanie perçoit environ 1,6 milliard de dollars par an d’aide de la part des États-Unis. Au moins 3 000 soldats américains sont stationnés dans des bases à travers le pays où ils s’associent aux forces armées jordaniennes dans des opérations de « contre-terrorisme ».

Aujourd’hui, les diplomates du pays, qui n’élèvent jamais la voix d’ordinaire, s’en prennent publiquement à Israël, l’avertissant de ne pas prendre de mesures qui équivalent à une « déclaration de guerre », tandis que le roi a accusé son partenaire de paix de « crime de guerre » en raison de son siège de la bande de Gaza.

Les responsables jordaniens tentent de s’aligner sur la colère de leur peuple.

Des membres des forces de sécurité jordaniennes lors d’une manifestation devant l’ambassade d’Israël à Amman, le 18 octobre 2023 (AFP)
Des membres des forces de sécurité jordaniennes lors d’une manifestation devant l’ambassade d’Israël à Amman, le 18 octobre 2023 (AFP)

Des milliers de manifestants se sont rassemblés à Amman et dans tout le pays – devant l’ambassade américaine dans la banlieue huppée d’Abdoun, et l’ambassade d’Israël évacuée – condamnant à la fois le président américain Joe Biden et Netanyahou.

La semaine dernière, des manifestants ont affronté les forces de sécurité alors qu’ils tentaient de prendre d’assaut l’ambassade d’Israël. D’autres ont scandé des slogans appelant le Hamas à frapper Israël avec plus de roquettes, agitant le drapeau du groupe interdit.

Un ancien responsable jordanien, informé par plusieurs ministres du gouvernement, confie à MEE que si Israël lançait une invasion de la bande de Gaza, ce serait « un scénario cauchemardesque » pour le roi, qui est « plus pro-occidental que la moitié des dirigeants européens ».

« Tout le monde veut que le traité de paix soit déchiré »

- Un ancien responsable jordanien

« L’impression que les États-Unis donnent carte blanche à Israël pour commettre ce qui est considéré comme des crimes de guerre dirige une énorme colère publique contre tout dirigeant arabe qui est considéré comme de connivence avec les Américains », explique à MEE un ancien haut responsable occidental autrefois basé en Jordanie.

Ces craintes se sont cristallisées la semaine dernière après une frappe meurtrière sur un hôpital de Gaza que le monde arabe, y compris le roi Abdallah, impute à Israël.

La Jordanie a dû annuler un sommet entre le roi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et Biden.

La Jordanie a annoncé la décision unilatéralement, mais d’actuels et anciens responsables américains font observer à MEE que cette décision avait été étroitement concertée avec Washington, craignant que l’escale de Biden à Amman après sa visite en Israël ne soit la goutte de trop pour les manifestants.

« L’annulation du sommet était extraordinaire. Ces choses n’arrivent pas en Jordanie », affirme à MEE Tariq Tell, professeur à l’Université américaine de Beyrouth, qui vient de l’une des familles politiques les plus en vue de Jordanie.

« Il faut remonter à 1991 et à la première guerre du Golfe pour trouver un autre exemple où le roi de Jordanie s’est drapé dans le nationalisme arabe comme ici », ajoute-t-il.

« L’ami loyal » de Biden 

Le soutien inconditionnel de Biden à Israël pendant la guerre est dur à avaler pour Abdallah II, qui a accueilli l’élection du dirigeant américain comme un sursis après sa relation tumultueuse avec Donald Trump.

Abdallah a été le premier dirigeant arabe à rendre visite à Biden à la Maison-Blanche. Biden a promptement appelé le roi en 2021 lorsque la Jordanie a été secouée par un scandale de sédition impliquant le demi-frère de ce dernier.

À l’époque, Biden avait dit à son « ami loyal et honnête » de « rester fort ».

Rencontre entre le président américain Joe Biden et le roi Abdallah II de Jordanie, aux côtés du prince héritier de Jordanie Hussein ben Abdallah, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington DC, le 1er juillet (AFP)
Rencontre entre le président américain Joe Biden et le roi Abdallah II de Jordanie, aux côtés du prince héritier de Jordanie Hussein ben Abdallah, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington DC, le 1er juillet (AFP)

Mais la Jordanie a prévenu les États-Unis des risques de violence en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza depuis le retour au pouvoir de Netanyahou.

Dans une interview accordée à CNN en décembre, Abdallah se disait préoccupé par une « nouvelle Intifada » et « l’effondrement complet de l’ordre public » en Israël et en Palestine. 

« La Jordanie s’attendait à plus de compréhension de la part de cette administration à propos de ses craintes », commente à MEE Amer Sabaileh, un analyste politique jordanien. 

« La Jordanie s’attendait à plus de compréhension de la part de cette administration [américaine] »

- Amer Sabaileh, analyste jordanien

« Il est évident que les Américains ne veulent pas écouter. Le principal objet d’attention aujourd’hui est le feu vert donné aux Israéliens pour assiéger Gaza. »

Merissa Khurma, directrice du programme Moyen-Orient au Wilson Center, indique qu’« Amman est frustré que ses avertissements sur la situation explosive dans les territoires occupés n’aient pas été pris en compte », mais que les relations américano-jordaniennes restent « fortes et stratégiques ».

Pour Tariq Tell, expert en sciences politiques dans le monde arabe, les événements récents soulignent le manque de marge de manœuvre de la Jordanie alors que son principal allié, les États-Unis, soutient Israël.  

« Le roi est “preneur” dans cette guerre », affirme-t-il. « Il doit accepter l’issue du conflit et espérer manipuler la situation chez lui du mieux qu’il peut. »

« Galop d’essai à Gaza »

Les peuples du monde arabe se sont retournés contre Israël. Ce qui rend la Jordanie unique, ce n’est pas seulement la relation étroite entre les États-Unis et la famille hachémite régnante – dont le gouvernement à court d’argent dépend de l’aide américaine – mais aussi la démographie de la Jordanie.

Au moins la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne. Les premiers Palestiniens sont arrivés en 1948 après la création de l’État d’Israël, lorsqu’ils ont été déplacés de force lors d’un événement connu sous le nom de Nakba.

La monarchie hachémite a ensuite annexé ce qui est aujourd’hui la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, les conservant jusqu’à sa défaite face à Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967. Ce conflit a vu 440 000 Palestiniens supplémentaires fuir vers la Jordanie. En plus des nouveaux arrivants, la Jordanie abrite également 175 000 Palestiniens déplacés de force de Gaza qui n’ont pas la citoyenneté.

Si beaucoup vivent dans des camps de réfugiés sordides et sous-financés, la majorité des Palestiniens sont intégrés dans la société. Les Palestiniens dominent l’élite des affaires à Amman. La reine Rania, l’épouse du roi, est Palestinienne.

« Les Jordaniens sont terrifiés à l’idée que les Israéliens se servent de Gaza comme galop d’essai pour la Cisjordanie occupée »

- Un ancien haut fonctionnaire occidental à Amman

Bruce Riedel, l’ancien analyste de la CIA, estime que la gestion des retombées de la guerre au sein de sa population est « peut-être le défi le plus difficile auquel Abdallah ait été confronté au cours de sa vingtaine d’années au pouvoir ».

« Les forces motrices du conflit – le Hamas, Israël, le Hezbollah, l’Iran et les États-Unis – sont toutes hors de son contrôle », développe-t-il.

La Jordanie a renoncé à ses revendications sur la Cisjordanie occupée en 1988. Six ans plus tard, le roi Hussein a signé un accord de paix avec Israël tout en soutenant la formation d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.

Mais les responsables jordaniens craignent depuis longtemps qu’Israël ait l’intention d’annexer toute la Cisjordanie occupée et d’expulser les Palestiniens de l’autre côté du Jourdain.

Ces craintes ont pris une certaine consistance lorsqu’Israël a exigé le déplacement forcé de 1,1 million de Palestiniens dans le nord de Gaza le 13 octobre, en prévision d’une invasion terrestre attendue.

Le roi Abdallah a déclaré que le déplacement forcé de Palestiniens vers l’Égypte ou la Jordanie était une « ligne rouge », tandis que son ministre des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a affirmé qu’il s’agirait d’un « acte de guerre ».

« Les Jordaniens sont terrifiés à l’idée que les Israéliens se servent de Gaza comme galop d’essai pour la Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est », explique l’ancien haut responsable occidental à MEE.

L’ambassade de Jordanie à Washington D.C. n’a pas répondu aux sollicitations de MEE.

« Pas d’alternative au roi Abdallah »

Outre la population palestinienne de Jordanie, Abdallah est confronté au mécontentement à l’égard d’Israël parmi les « Transjordaniens », les descendants des tribus qui ont contribué à la création de la Jordanie après la Première Guerre mondiale.

La monarchie hachémite a toujours encouragé le soutien des tribus via un vaste réseau reposant sur le clientélisme, distribuant des emplois gouvernementaux. Bien que ce système s’effiloche dans un contexte de crise économique, les services de sécurité et l’armée du pays sont toujours dominés par les Transjordaniens.

La solidarité avec la Palestine s’est maintenant mêlée aux craintes qu’un nouvel afflux de réfugiés n’épuise les maigres finances du gouvernement.

« La partie transjordanienne du pays est devenue encore plus radicale contre Israël que les Palestiniens. Ils le rejettent encore davantage », souligne Tariq Tell.

Des combattants palestiniens se joignent aux funérailles de deux Palestiniens tués pendant une attaque israélienne contre le village de Zawata, en Cisjordanie occupée, le 23 octobre 2023 (AFP)
Des combattants palestiniens se joignent aux funérailles de deux Palestiniens tués pendant une attaque israélienne contre le village de Zawata, en Cisjordanie occupée, le 23 octobre 2023 (AFP)

« Les deux communautés, palestinienne et transjordanienne, se rendent compte que le traité de paix de 1994 n’a pas apporté de solution à la question des réfugiés. La conclusion logique est que les Palestiniens vont s’installer de façon permanente en Jordanie », poursuit Tell. 

L’ancien responsable jordanien, un Transjordanien, tenu informé par plusieurs ministres, rapporte « qu’ils étaient énervés d’avoir à défendre leur position au sein du gouvernement » alors qu’Israël bombarde la bande de Gaza.

Certes, les actuels et anciens responsables occidentaux qui se sont entretenus avec MEE assurent qu’ils ne constatent aucune menace pour le régime d’Abdallah.

« La riche élite palestinienne et les services de sécurité de Cisjordanie veulent maintenir l’unité du pays – cela signifie soutenir Abdallah », déclare l’ancien haut responsable occidental.

« L’escalade du mécontentement social, un fossé énorme en matière d’égalité et une résistance islamique enhardie sont un mélange explosif pour la Jordanie »

- Tariq Tell, Université américaine de Beyrouth

Les responsables pensent qu’Abdallah II peut résister aux appels de la rue et du gouvernement à suspendre ou annuler le traité de paix avec Israël, ce qui, selon eux, serait une mesure extrême, qui mettrait à mal les relations avec Israël et mettrait en péril le fort soutien bipartisan dont jouit la Jordanie au Congrès américain. 

La capacité d’Abdallah à résister aux critiques a été mise à l’épreuve lorsque son demi-frère, le prince Hamzah ben al-Hussein, a publié une critique cinglante de son régime, affirmant qu’il avait négligé les tribus. Abdallah a réprimé ce que son gouvernement a qualifié de complot visant à déstabiliser le pays et a arrêté son demi-frère, consolidant ainsi son pouvoir.  

Mais Tariq Tell, expert de la politique jordanienne, estime que la mise à l’écart par Abdallah de l’armée et des tribus traditionnelles de Transjordanie le rend également vulnérable aux pressions.

« Les gars au sommet de l’establishment de la sécurité sont une annexe des services de renseignement américains et israéliens. Le problème pour le roi, ce sont les rangs intermédiaires. Ils n’aiment absolument pas Israël et l’Occident. »

Malgré la rhétorique dure de ses dirigeants, la Jordanie continue de coopérer avec Israël sur les questions de sécurité. Son voisin a également évité de mener des frappes aériennes dans la région de Gaza où se trouve un hôpital géré par l’armée jordanienne. 

Débordement

Un ancien haut responsable américain juge que la décision d’autoriser les manifestations est soigneusement calibrée.

« Abdallah donne aux gens de l’espace pour se défouler, mais il trace une limite à ne pas franchir : les manifestants ne peuvent pas se rendre à la frontière », explique-t-il.

Des agents de la sécurité ont déjà empêché les manifestants de se rendre à la frontière avec la Cisjordanie occupée. MEE a rapporté que certains manifestants avaient exigé l’ouverture de la frontière afin de pouvoir combattre Israël.

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Merissa Khurma du Wilson Center indique que la forte présence des forces de sécurité visait à limiter le risque d’affrontement entre les soldats israéliens et les civils jordaniens.

« Touchons du bois, la frontière n’est pas poreuse, mais s’il y avait un échange de tirs, ce serait une menace sérieuse pour la sécurité », estime-t-elle.

Ce que redoute particulièrement la Jordanie, c’est que les combats à Gaza ne se propagent à la Cisjordanie occupée.

Des responsables jordaniens et occidentaux confient à MEE que ces inquiétudes ravivent les souvenirs de la brève guerre civile jordanienne, connue sous le nom de Septembre noir, à l’occasion de laquelle le royaume a expulsé des combattants palestiniens vers le Liban.

Malgré la montée des tensions, les combats restent une possibilité lointaine, selon les autorités.

La Jordanie n’a même pas encore rappelé son ambassadeur en Israël ni déclaré persona non grata l’ambassadeur d’Israël dans le royaume, une étape symbolique étant donné qu’Israël a évacué son ambassade peu de temps après le début de la guerre.

Abdallah s’inquiète d’une « grande victoire du Hamas »

Les plaintes contre Abdallah qui ont émergé lors de l’affaire du prince Hamzah pourraient refaire surface maintenant, selon les experts.

Le roi, qui est à moitié britannique, obtient de bons résultats dans les centres de réflexion et les réceptions en Occident mais moins parmi les tribus conservatrices de Jordanie.

« Le roi doit s’asseoir, boire un café avec ces gens et expliquer la pression qu’il subit », pense l’ancien haut responsable occidental.

« Mais il est probable qu’il s’entretienne avec la CIA, ses médiateurs américains préférés, et qu’il envoie d’autres membres de sa famille dans les tribus », ajoute-t-il. La tâche d’apaiser la situation dans le cadre de l’affaire du prince Hamzah a incombé à l’oncle du roi, le prince Hassan ben Talal.

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Les combats dans la bande de Gaza remettent également en question la légitimité du royaume hachémite, qui repose en partie sur son rôle de gardien des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem.

L’appel du roi à un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien aboutissant à une solution à deux États risque maintenant de sonner creux après que l’attaque surprise du Hamas a pénétré toute une ligne défensive israélienne le 7 octobre. 

« Quelle que soit l’issue de la guerre à Gaza, le Hamas a remporté une grande victoire pour les islamistes », observe Tariq Tell. « Dans le contexte d’un Moyen-Orient récemment radicalisé, c’est ce qui inquiète vraiment Abdallah II. »

Le roi Hussein n’était pas un ami du Hamas, mais il a prudemment autorisé certaines activités du groupe, comme le démontre l’affaire Mechaal. Après avoir accédé au trône, l’un des premiers actes de son fils Abdallah II a été de faire interdire le mouvement palestinien.

Israël rendrait service au roi en éliminant le Hamas, estime l’ancien haut responsable américain, mais la réaction contre une invasion sanglante de Gaza pourrait accroître la pression sur le royaume.

« L’escalade du mécontentement social, un fossé énorme en matière d’égalité et une résistance islamique enhardie sont un mélange explosif pour la Jordanie », conclut Tariq Tell.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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