La surveillance européenne en Méditerranée abandonne les migrants à leur sort
Le 22 avril 2021, au large des côtes libyennes, l’Ocean Viking a repéré les restes d’un canot pneumatique. Éviscéré par la tempête de la nuit précédente, il manquait le fond et les corps sans vie de ses passagers qui flottaient tout autour. Un avion blanc a décrit des cercles au-dessus, puis a disparu.
Le navire de recherche et sauvetage, affrété par l’organisation humanitaire SOS Méditerranée, avait répondu à un signal de détresse déclenché par Alarm Phone, une ligne téléphonique de secours gérée par des activistes qui fonctionne 24 heures sur 24 en Méditerranée centrale. Sans aide de l’État, il avait mené des recherches à l’aveugle toute la nuit.
Britta Rabe répond au téléphone pour Alarm Phone depuis sa création en 2014.
« Nous ne pouvons pas éviter les naufrages », explique-t-elle à Middle East Eye. Tout ce qu’elle a pu faire ce jour-là, c’est rester au téléphone et relayer les coordonnées GPS aux garde-côtes italiens, maltais et libyens qui restaient obstinément passifs.
Pendant dix heures, l’équipe de secours a tenté de relayer les positions GPS du canot pneumatique, dont les passagers luttaient pour survivre, aux différents garde-côtes. La météo était mauvaise. La ligne instable.
En plus de la localisation, Alarm Phone relayait les messages des passagers paniqués du canot. L’eau pénétrait dans le bateau et il était submergé par des vagues de plusieurs mètres de haut.
L’activité de la ligne d’urgence et les efforts désespérés du canot contrastent vivement avec la réaction des autorités, qui n’ont pas décroché leur téléphone ou ont ignoré leurs responsabilités.
« Nous étions particulièrement en colère »
Le centre de coordination de sauvetage en mer de Rome (MRCC Roma) a sèchement conseillé à Alarm Phone d’aviser les « acteurs compétents ». C’est-à-dire les garde-côtes libyens, injoignables.
Lorsque la ligne d’urgence a finalement obtenu quelqu’un au téléphone, on leur a annoncé que les Libyens ne pouvaient pas lancer de bateau en raison des mauvaises conditions météorologiques. Alarm Phone a découvert plus tard que les garde-côtes avaient intercepté un autre bateau cette nuit-là.
Sept heures plus tard, les passagers du canot ont repéré un avion qui les survolait. Il s’agissait de l’Osprey 3, avion de surveillance de Frontex, l’agence de protection des frontières de l’Union européenne. Il a rapidement quitté les lieux, informant les centres nationaux de sauvetage d’Italie, de Libye et de Malte et émettant un appel de détresse pour alerter les bateaux à proximité.
« Plusieurs vaisseaux marchands dans la zone sont venus porter assistance », rapporte un porte-parole de Frontex à MEE. « Parce que les conditions météorologiques empiraient et que l’avion manquait de carburant, celui-ci a dû rentrer à sa base tard dans la nuit. »
Le dernier contact d’Alarm Phone avec le bateau a eu lieu à 20 h 15 le 21 avril, puis la ligne a coupé.
Le lendemain, l’Osprey 3 est retourné sur les lieux et a découvert les restes du bateau et ses passagers.
« Après ce naufrage, nous étions particulièrement en colère car, pour beaucoup de naufrages, vous vous demandez ce qui aurait pu être fait différemment ? », témoigne Deanna Dadusc, autre bénévole d’Alarm Phone à MEE.
« Mais dans ce cas précis, nous étions en contact avec le bateau, nous avions des coordonnées GPS précises, nous avions tenté de mobiliser toutes les autorités compétentes. »
Le lendemain, un autre vol de recherche et sauvetage a été organisé. Il a repéré un petit canot pneumatique dégonflé et encore dans l’eau.
Interrogé sur cet incident, le porte-parole de Frontex déclare : « Une fois de plus, des gangs criminels, plaçant les profits avant la vie, ont entassé des gens désespérés dans un bateau qui n’était pas fait pour la mer dans des conditions météorologiques exécrables et les ont envoyés en mer. »
Deanna Dadusc n’était pas en contact avec ce bateau, mais a entrepris la tâche difficile de rassembler le puzzle des événements de la nuit du naufrage.
« On a laissé des gens mourir non pas une, non pas deux, mais trois fois. Les garde-côtes libyens les ont abandonnés… Frontex a suivi le bateau… ils sont partis parce que les conditions météorologiques étaient trop mauvaises. »
Rassemblant tous ces éléments, la bénévole en est arrivée à la seule conclusion possible : « Il s’agissait d’un effort coordonné. »
« Colère et désespoir »
Deanna et Britta estiment que cet incident d’avril n’était pas une tragédie isolée. Il s’inscrit dans un schéma.
Lorsque Britta a commencé à travailler dans ce domaine en 2014, les acteurs étatiques se montraient coopératifs. Mais la situation s’est rapidement détériorée après 2016. « C’est devenu de pire en pire », indique-t-elle.
Le retrait régulier des ressources des secours, à commencer par la suppression de l’opération Mare Nostrum du gouvernement italien (d’octobre 2013 à octobre 2014) et le passage à la surveillance aérienne par Frontex (depuis avril 2019), a creusé un vide en Méditerranée centrale.
C’est pourquoi c’est un avion de surveillance plutôt qu’un bateau de sauvetage qui a été envoyé aux gens cramponnés à un canot en train de sombrer au printemps dernier.
Cette évolution a eu un impact tangible sur le travail de Deanna et Britta. Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est rester au téléphone et relayer les appels de détresse, tout en sachant qu’ils tomberont dans l’oreille d’un sourd.
« [Les gens en détresse] nous demandent quand arrivent les secours et nous devons leur répondre : “Désolée, on ne sait pas, on ne peut pas vous dire car personne ne réagit” », rapporte Britta.
« D’une part, il faut donc trouver comment leur dire une partie de la vérité, et de l’autre, nous devons les soutenir pour qu’ils survivent jusqu’à l’arrivée des secours. Cela suscite en nous colère et désespoir. »
« D’une part, il faut donc trouver comment leur dire une partie de la vérité, et de l’autre, nous devons les soutenir pour qu’ils survivent jusqu’à l’arrivée des secours. Cela suscite en nous colère et désespoir »
- Britta Rabe, bénévole d’Alarm Phone
Mais cela ne dissuade pas les migrants de tenter le voyage à travers la Méditerranée, d’un continent à l’autre, sur des embarcations légères.
MEE s’est entretenu avec Deanna et Britta avant deux naufrages au large des côtes libyennes, au cours desquels plus de 160 personnes sont mortes, entre le 17 et le 18 décembre. Le dimanche 26 décembre, quatorze corps de plus ont été rejetés par la mer sur les côtes libyennes.
« D’une part, il faut donc trouver comment leur dire une partie de la vérité, et de l’autre, nous devons les soutenir pour qu’ils survivent jusqu’à l’arrivée des secours. Cela suscite en nous colère et désespoir. »
« Prétendre » sauver des vies
Ces derniers mois, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publiés en février, plus de 18 000 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée depuis 2014, contre 1 553 en 2021.
Le nombre des « refoulements » illégaux par les garde-côtes libyens, un consortium de milices et de passeurs, a également augmenté selon l’OIM. Environ 31 500 personnes ont été interceptées en 2021, contre 11 900 l’année précédente.
« Ils prétendent sauver des vies, mais on peut voir d’après les chiffres que ce n’est pas leur objectif principal », déplore Britta.
En 2012, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que l’Italie avait violé les principes les droits de l’homme en repoussant des migrants et demandeurs d’asile africains en haute mer.
Ce jugement historique connu sous le nom d’affaire Hirsi Jamaa, interdit le refoulement des réfugiés vers la Libye.
En réaction, les pays européens ont cherché à gérer le problème à la source et ont décidé de former et d’équiper les garde-côtes libyens pour que les migrants ne puissent plus arriver sur les côtes européennes.
Pour les activistes comme Britta et Deanna, la Méditerranée centrale devient une « boîte noire » où il est de plus en plus difficile de naviguer.
Cette étendue d’eau semble laissée vacante par les acteurs étatiques, mais elle est étroitement surveillée depuis les airs, par un avion européen en appui aux garde-côtes.
La surveillance aérienne européenne est fortement tributaire du secteur privé, une toile opaque et non régulée de sociétés de la technologie et de l’armement missionnées par Frontex.
De 2005 à 2021, le budget de Frontex a gonflé, passant de 6,3 millions d’euros à 534 millions d’euros. Pour la période 2021-2027, le budget garanti est de 5,6 milliards d’euros.
Un règlement de 2016 a accordé à l’agence de contrôle des frontières de l’Europe la capacité d’obtenir, d’emprunter et de louer ses propres ressources. Aujourd’hui, elle dépense un sixième de son budget dans la surveillance aérienne, l’affrétant des avions auprès de sociétés privées pour ses services de surveillance aérienne Frontex (FASS).
Les données en temps réel sont transmises en direct au système européen de surveillance des frontières (Eurosur), un instrument d’échange d’informations accessible à l’ensemble des États membres de l’Union européenne, qui collectent des informations à leurs frontières.
Guerres des drones
L’année dernière, Frontex a accordé 100 millions d’euros de contrats à des sociétés pour faire voler des drones permettant de repérer les réfugiés et migrants qui tentent de traverser la Méditerranée.
Le conglomérat européen de la défense et l’aérospatiale Airbus et l’entreprise publique Israel Aerospace Industries (IAI) ont remporté un contrat de 50 millions d’euros pour faire voler son drone Heron. Un autre contrat de 50 millions d’euros a été signé avec la société israélienne d’armement Elbit Systems, pour son drone Hermes 900.
Ces deux drones ont été utilisés par l’armée israélienne dans ses offensives sur la bande de Gaza, ce qui signifie qu’ils peuvent être promus pour la surveillance de frontières comme un équipement « éprouvé ».
IAI affirme que son drone peut voler pendant plus de 24 heures, couvrant 1 600 km à plus de 11 000 mètres d’altitude. Selon Elbit Systems, Hermes est capable de voler 26 h à 9 000 mètres. Il est décrit comme ayant des « sens acérés » et une « morsure létale ».
« Ils sont parfaits pour leur surveillance aérienne », indique à MEE Matthias Monroy, activiste et éditeur du journal Bürgerrechte & Polizei qui s’intéresse aux droits civils allemands.
« Comparez ça à un avion de Frontex : en fonction de sa taille, l’avion peut voler au maximum cinq à dix heures, alors il est bien plus facile de couvrir une zone avec un drone. »
Le porte-parole de Frontex a indiqué à MEE que les drones, qui ne sont pas armés, permettent à l’agence de « surveiller les frontières et de soutenir les opérations de sauvetage plus longtemps ».
En Méditerranée centrale, cette technologie est un autre outil utilisé par les acteurs étatiques pour échapper à leurs obligations juridiques de sauvetage des personnes en détresse. La loi ne s’applique pas aux drones.
« Comparez [un drone] à un avion de Frontex : en fonction de sa taille, l’avion peut voler au maximum cinq à dix heures, alors il est bien plus facile de couvrir une zone avec un drone »
- Matthias Monroy, activiste
« Les drones changent la donne », indique à MEE Felix Weiss, porte-parole de la mission de surveillance Moonbird de Sea-Watch.
En référence à la surveillance aérienne accrue de Frontex et à l’augmentation correspondante des interceptions, il indique que le nombre de refoulement s’est accru énormément… jusqu’à 65 % des gens qui tentent de traverser la Méditerranée centrale sont repoussées vers la Libye. »
S’il est impossible de dresser un tableau complet car les drones ne sont actifs que depuis mai 2021, cette corrélation se reflète dans les rapports de Moonbird, qui suivent les vols de drones survolant la Libye et sa zone de recherche et sauvetage (SAR), établie en 2018 par l’UE.
Le rapport recense de multiples cas de sauvetages retardés impliquant des drones et la présence de drones en lien avec des « refoulements » illégaux par les garde-côtes libyens.
« Sans surveillance aérienne, les garde-côtes libyens seraient totalement aveugles », indique Felix Weiss. « Nous avons constaté assez souvent que dès que Frontex trouve un bateau, [l’agence] contacte les garde-côtes libyens et les guide droit vers les bateaux. »
« Comme un village Potemkine »
Les garde-côtes libyens n’ont pas accès au système Eurosur, mais des messages WhatsApp révèle un échange de coordonnées entre Frontex et les garde-côtes.
L’absence de tout accord officiel entre Frontex et la Libye signifie qu’ils doivent utiliser des canaux alternatifs pour communiquer.
Un porte-parole de Frontex a assuré à MEE que l’agence de garde-frontières et de garde-côtes ne s’était « jamais engagée dans une coopération directe avec les autorités libyennes et ne coopère pas avec les garde-côtes libyens ».
Celui-ci précise que « chaque fois qu’un avion de Frontex repère un bateau en détresse, il alerte immédiatement les centres de coordination de sauvetage en mer de la région : l’Italie et Malte ainsi que la Libye et la Tunisie si le bateau en détresse et dans leur région de recherche et sauvetage. »
Le porte-parole a ajouté que en cas d’urgence, l’agence tente de « fournir des informations sur l’emplacement des bateaux en détresse de toutes les manières possibles aux acteurs impliqués dans l’opération de sauvetage. Cela comprend les emails mais également les appels téléphoniques, les messages et, dans les cas extrêmes, des appels radio et de détresse à l’aveugle. »
Comme de nombreux autres aspects de la politique frontalière européenne, la création en 2018 de la zone de recherche et sauvetage libyenne était un outil pour esquiver toute responsabilité et contourner la loi.
« Je pense que c’est comme un village Potemkine », indique Matthias Monroy à MEE.
En réponse à une question qui leur était posée par Monroy et l’eurodéputé allemand Özlem Demirel, la Commission européenne comme le Conseil ont affirmé ne pas connaître l’emplacement du centre de coordination de sauvetage en mer libyen.
D’après les activistes, les garde-côtes sont réticents à mener des missions de recherche et sauvetage car leur objectif principal est de refouler les bateaux et de ramener les migrants sur le continent africain
« Il est donc assez clair que ce centre de coordination de sauvetage en mer n’existe pas. Mais ils continuent à prétendre le contraire », constate Matthias Monroy à MEE. « C’est pourquoi je dirais que Frontex transmet illégalement des informations aux Libyens et que cela explique l’utilisation de WhatsApp. »
« Frontex ne coordonne pas les opérations de recherche et sauvetage » spécifie le porte-parole de la force européenne. « En vertu du droit international, c’est le travail des centres nationaux de coordination de sauvetage en mer. »
« Ils sont toujours très mauvais »
Selon Sea-Watch et Alarm Phone, le MRCC libyen ne satisfait pas aux critères obligatoires. Souvent impossibles à contacter, ceux qui y travaillent ne parlent pas anglais.
Selon Felix Weiss, les garde-côtes ont le vernis du professionnalisme, conforté par les financements et l’équipement européens. Malgré cela, aucune amélioration de leurs résultats n’a été constatée.
« Ils sont toujours très mauvais dans ce qu’ils font. Souvent, ils sont saoûls et drogués… ils ne sont pas capables de coordonner quoi que ce soit », prétend-il.
« Cela démontre que les garde-côtes libyens ne veulent pas secourir les personnes en détresse, ils s’intéressent uniquement aux chiffres pour obtenir plus d’argent de l’UE »
- Felix Weiss, porte-parole de la mission de surveillance Moonbird de Sea-Watch
D’après les activistes, les garde-côtes sont réticents à mener des missions de recherche et sauvetage car leur objectif principal est de refouler les bateaux et de ramener les migrants sur le continent africain.
C’est la raison pour laquelle, ils ont refusé de mettre à l’eau un bateau lors du naufrage d’avril dernier.
Lorsqu’il y a bel et bien des opérations de recherche et sauvetage, indique Felix Weiss, elles sont réalisées de manière malhabile avec des embarcations peu maniables, sans énormément de professionnalisme et sans équipement approprié.
« Cela démontre que les garde-côtes libyens ne veulent pas secourir les personnes en détresse, ils s’intéressent uniquement aux chiffres pour obtenir plus d’argent de l’UE », conclut-il.
Malgré cela, Moonbird et Alarm Phone sont obligées de contacter les centres de coordination.
« C’est horrible », assure Felix Weiss. « Dès que nous voyons un bateau pneumatique avec 150 personnes à bord, nous devons appeler tout le monde. Si nous repérons ce bateau dans la zone SAR libyenne, il nous faut contacter les garde-côtes libyens. »
Après le naufrage du 21 avril, Deanna Dadusc est tombée sur les publications Facebook de familles des disparus. « Dans ce cas précis, nous n’avons réussi qu’à identifier une vingtaine de personnes sur les 130 et nous cherchons encore », indique la bénévole d’Alarm Phone.
C’est, pour elle, la partie la plus difficile du travail. Il est rare que la plupart des corps soient identifiés.
Comme pour les autres naufrages, les décès d’avril 2021 ne sont pas passés totalement inaperçus. L’Ocean Viking était là pour enregistrer les preuves. Sans cela, Alarm Phone a du mal à convaincre les familles du décès de leurs proches « car personne ne recherche activement les corps », rapporte Dadusc à MEE.
« Ça devient réel pour les gens »
Pour Deanna Dadusc, le travail de comptage et d’identification des morts est essentiel pour rendre visite visible la violence en Méditerranée. « Puisqu’il y a énormément de surveillance, cela rend les choses encore plus invisibles. »
S’il n’y avait pas la contre-surveillance, qu’apporte Moonbird, il serait encore plus compliqué pour Alarm Phone de naviguer dans les eaux de la Méditerranée centrale.
Les images enregistrées par Moonbird sont aussi capitales pour le travail de plaidoyer d’Alarm Phone. « Nous avons documenté des dizaines de naufrages… et tout le monde s’en fiche, mais lorsque Moonbird est là et prend des photos, ça devient réel pour les gens », explique-t-elle.
Cette relation est réciproque. « Nous serions aveugles s’il n’y avait pas Alarm Phone », indique Felix Weiss. Lorsqu’Alarm Phone les a informés que leur appareil ressemblait aux avions de Frontex, Moonbird a repeint le ventre de son avion en rouge.
Le travail des activistes comme Felix Weiss, Deanna Dadusc et Britta Rabe met en lumière les eaux toujours plus sombres de la Méditerranée.
Alors qu’eux œuvrent en faveur de la transparence sur la frontière maritime, les acteurs étatiques et Frontex, qui disposent quant à eux les dernières technologies en matière de surveillance, jettent un voile sur les corps qui s’enfoncent silencieusement dans ces eaux.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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