Emmanuel Macron réélu président d’une France où l’extrême droite est en forte progression
Le chef de l’État sortant Emmanuel Macron obtient une victoire assez nette – 58,5 % selon les estimations –, tempérée toutefois par une forte abstention.
Les Français ont donc choisi de reconduire un président libéral et très pro-européen face à Marine Le Pen, candidate radicale ayant la « priorité nationale » au cœur de son projet, et extrêmement critique vis-à-vis de l’Union européenne.
« C’était un combat politique contre l’extrême droite », s’est réjoui le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Rassemblés au Champ de Mars à Paris, sous la tour Eiffel, les supporters d’Emmanuel Macron ont scandé « et un, et deux, et cinq ans de plus ! », avant qu’un disc-jockey ne commence à mixer de la musique moins de dix minutes après l’annonce des estimations.
Emmanuel Macron, 44 ans, est le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans, depuis Jacques Chirac en 2002 face au père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.
Mais cette élection s’inscrit dans un contexte d’abstention record, estimée à 27,8 % par l’Ifop, un taux inédit pour un second tour depuis 1969 (31,3 %).
L’extrême droite à un niveau record
Le réflexe du « front républicain » ou du barrage à l’extrême droite, qui avait fonctionné il y a cinq ans, a cette fois été moindre chez une partie des électeurs hostiles au président et lassés par la réédition du duel Macron-Le Pen.
A 53 ans, cette dernière porte l’extrême droite à un niveau record en France, laissant augurer des temps difficiles pour le président réélu, dont le premier défi sera d’obtenir une majorité aux législatives de juin.
« Les idées que nous représentons arrivent à des sommets », a déclaré Marine Le Pen, saluant les « compatriotes des provinces et des campagnes », et « d’outre-mer », cette « France trop oubliée, nous, nous ne l’oublions pas ».
Elle a annoncé aussi sa volonté de poursuivre le combat politique. « Nous lançons ce soir la grande bataille électorale des législatives », a-t-elle dit sous un tonnerre d’applaudissements de ses partisans.
Emmanuel Macron aura pour tâche de rassembler des Français divisés et répondre à une colère très prégnante depuis la crise des Gilets jaunes de 2018-2019, qui n’a jamais été véritablement réglée.
Il devra aussi répondre aux angoisses suscitées par les successions de crises, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine.
De lourds défis à relever pour Macron
Très discret, voire absent lors de la campagne du premier tour, Emmanuel Macron n’a pas ménagé sa peine ensuite, multipliant les déplacements, organisant de grands meetings, et s’adressant prioritairement à l’électorat de gauche, apparu comme l’arbitre du scrutin après que Jean-Luc Mélenchon n'arrive troisième au premier tour, avec près de 22 % des voix.
Lors de son dernier grand meeting à Marseille il y a une semaine, le président sortant, très critiqué sur son bilan vert, a promis qu’un nouveau quinquennat sous son règne serait « écologique ou ne serait pas », et promis un renouvellement de la politique.
Souvent qualifié de « président des riches », il a multiplié les gestes envers cet électorat de gauche, semblant prêt à des concessions sur certains points, et notamment sa controversée et emblématique réforme des retraites, qu’il n’a pas réussi à mettre en œuvre au cours de son premier mandat.
Marine Le Pen en embuscade pour les législatives
Battue pour la troisième fois de sa carrière à une élection présidentielle, Marine Le Pen, 53 ans, n’a pas réussi à briser le « plafond de verre » que représente en France l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite.
Avec son score élevé, elle place néanmoins sa famille politique et ses idées radicales encore plus au cœur de la scène française.
Marine Le Pen récolte ainsi les fruits d’une stratégie de « dédiabolisation » patiemment menée depuis une décennie. Elle a lissé et adouci son discours, banalisé son image, se montrant proche des préoccupations des Français -même si, sur le fond, son programme reste aussi radical, notamment sur l’immigration et les institutions.
Le plus dur commence, avec un nouveau rendez-vous électoral, celui des élections législatives en juin, où le président tentera d’asseoir sa majorité, tandis que ses opposants tenteront de se rendre incontournables.
Éric Zemmour a déclaré au terme du résultat que « les amoureux de la France avaient perdu », expliquant que « cela fait longtemps que ceux qui veulent défendre son identité et mettre un terme à l’immigration sont amèrement déçus ».
Il a appelé à une union avec le Rassemblement national à l’occasion des prochaines échéances électorales de juin, pour faire face « au bloc macroniste », et « au bloc islamo-gauchiste ».
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