Après une série de bombardements, Israël envisage « une semaine » de raids sur Gaza
La pire flambée de violence entre les deux ennemis depuis une guerre-éclair l’an dernier a déjà privé la petite langue de terre coincée entre l’Égypte, la Méditerranée et Israël et ses 2,3 millions d’habitants de leur unique centrale électrique.
« Elle a cessé [de fonctionner] en raison d’une pénurie » de carburant, a indiqué samedi la compagnie d’électricité après qu’Israël a bouclé ses passages frontaliers ces derniers jours, interrompant de fait les livraisons de diesel.
D’un côté de la frontière, les alertes aux roquettes continuent de retentir dans des localités israéliennes adjacentes au territoire palestinien. Dans le courant de la journée de samedi, les sirènes ont également retenti dans la métropole de Tel-Aviv. De l’autre, la ville de Gaza est comme paralysée, entre rues désertes et magasins fermés. Et aucune issue ne semble poindre.
« La bataille n’en est qu’à ses débuts », a affirmé dans un communiqué Mohammed Al-Hindi, un responsable de l’organisation du Jihad islamique. Et ce après que des sources égyptiennes aient indiqué que Le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s’efforçait d’établir une médiation. Lors d’un discours, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé travailler « sans relâche » pour ramener le calme.
Un porte-parole militaire israélien a pour sa part assuré que l’armée se préparait « à une opération d’une semaine » et « ne menait pas actuellement de négociations en vue d’un cessez-le-feu ».
Les autorités de Gaza ont fait état de 29 morts, dont six enfants, et de 253 blessés dans les bombardements israéliens.
D’après un responsable israélien, environ 400 projectiles – roquettes et obus de mortiers – ont été lancés depuis la bande de Gaza ces dernières 24 heures. La plupart ont été interceptés par le bouclier antimissile, a indiqué l’armée et deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d’obus, selon les services de secours.
Le Jihad islamique dans le viseur d’Israël
La branche armée du Jihad islamique, les brigades Al-Qods, affirmait vendredi, après avoir tiré plus de 100 roquettes vers le sol israélien qu’il ne s’agissait que d’une « première réponse » à l’assassinat plus tôt d’un de ses chefs, Tayssir Al-Jabari, dans une frappe israélienne.
Dans le même temps, dans la nuit de vendredi à samedi, les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie 19 membres de l'organisation, considéré comme terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Il s’agit de la pire confrontation entre Israël et des organisations armées de Gaza depuis la guerre qui en onze jours en mai 2021 avait fait 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, dont un soldat, d’après les autorités locales.
Le Jihad islamique a exclu samedi l’option d’un cessez-le-feu, disant « se concentrer sur le terrain ».
Après les premiers raids, l’organisation a accusé Israël d’avoir « déclenché une guerre ». Son secrétaire général, Ziad al-Nakhala, a assuré qu’elle se battrait « sans relâche », dans un entretien avec la télévision libanaise Al-Mayadeen, à Téhéran.
« Menace immédiate »
« Israël a mené une opération de contre-terrorisme précise contre une menace immédiate », a déclaré vendredi le Premier ministre israélien Yaïr Lapid à la télévision, accusant le groupe armé d’être « un supplétif de l’Iran » voulant « tuer des Israéliens innocents ».
« Nous ferons tout ce qu’il faut pour défendre notre peuple », a-t-il assuré.
La Ligue arabe a condamné « la féroce agression israélienne », tandis que la Jordanie voisine d’Israël et de la Cisjordanie a souligné l’importance de mettre fin à cette « agression ».
En 2019, la mort d’un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait donné lieu à plusieurs jours d’échanges de tirs entre ce groupe et Israël. Le Hamas, qui a combattu Israël lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s’était lui tenu à distance.
Israël impose depuis 2007 un strict blocus à Gaza, minée par la pauvreté et le chômage.
Depuis mardi, il a en plus fermé tous ses passages frontaliers, contraignant les milliers de Gazaouis titulaires de permis de travail en Israël à rester chez eux. Et empêchant également une cinquantaine de personnes quittant normalement quotidiennement l’enclave pour des soins, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].