Cinq empires majeurs de l’histoire antique du Moyen-Orient
Le Moyen-Orient – plus précisément le territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre, connu des historiens sous le nom de Mésopotamie – est considéré comme le berceau de la civilisation, où les premiers établissements humains virent le jour il y a plus de 9 000 ans.
Comme l’ont montré des études archéologiques et anthropologiques récentes, l’agriculture apparut dans des régions de la Turquie, de la Syrie et de l’Irak actuels il y a environ 11 500 ans, où les premières implantations permanentes furent créées, d’abord sous la forme de petits villages.
Alors que des sociétés avancées se développèrent séparément à divers endroits du monde, les premières grandes cités-États apparurent dans une région qui forme à peu près l’Irak moderne.
Des peuples anciens tels que les Sumériens y développèrent les premières formes d’écriture, connues sous le nom d’écriture cunéiforme, et nouèrent des relations commerciales avec des peuples vivant dans d’autres régions.
Si ces contacts furent d’abord pacifiques, ils finirent par donner lieu à des conflits.
Les Sumériens et un peuple voisin, les Élamites, ont la particularité d’avoir participé à la première guerre recensée de l’histoire, vers 2700 av. J.-C..
Une fois le précédent d’un conflit à grande échelle établi, les premiers empires ne tardèrent pas à se développer.
Si la définition d’un empire est sujette à débat, il existe un consensus sur l’idée qu’il implique le contrôle d’un État par un autre qui fait peser une menace de violence sur l’entité contrôlée si elle s’écarte du pouvoir central.
Le premier empire recensé dans l’histoire est celui des Akkadiens, fondé par un homme appelé Sargon d’Akkad aux alentours du XXIVe siècle av. J.-C..
Les peuples sémites akkadiens établirent le modus operandi régissant le fonctionnement des empires ultérieurs.
Ces empires eurent un impact considérable sur l’organisation des sociétés, le développement de la religion et les langues parlées.
Dans cette liste non exhaustive, Middle East Eye se penche sur cinq anciens empires de la région et sur leurs principales contributions.
L’Empire akkadien
Sous le commandement de leur fondateur légendaire, Sargon d’Akkad, au XXIVe siècle av. J.-C., les Akkadiens s’établirent le long du Tigre et de l’Euphrate en Irak, jusqu’à la péninsule Arabique et aux actuels États du Golfe.
Parmi les légendes entourant les origines de Sargon, l’une d’elles veut qu’il ait été jeté dans une rivière par sa mère prêtresse, puis retrouvé et élevé par un ouvrier. D’autres historiens le décrivent comme le fils d’un jardinier.
En tout état de cause, en dépit de ses origines modestes, il créa la plus grande entité politique unie que le monde eût jamais connue jusqu’alors.
La langue akkadienne parlée par son peuple était sémitique et donc apparentée aux langues modernes que sont l’arabe, l’hébreu et l’amharique.
Nous savons beaucoup de choses sur ce peuple par rapport aux autres populations qui vivaient au Proche-Orient à l’époque, car il légua à la postérité des représentations visuelles sur des reliefs en pierre, ainsi que des écritures cunéiformes.
Parmi les avancées notables que nous devons aux Akkadiens figurent l’utilisation de systèmes postaux, la construction de routes pour faciliter le commerce et l’utilisation généralisée de systèmes d’irrigation pour les cultures – outre l’idée même d’empire.
Le Royaume d’Israël
Comparé aux autres empires énumérés ici, le Royaume d’Israël fut relativement petit et éphémère. Il se composait d’une petite bande de terre sur la Méditerranée orientale couvrant des parties des territoires actuels d’Israël, de la Palestine, de la Jordanie, du Liban et de la Syrie.
Néanmoins, son impact culturel est incommensurable, étant donné qu’il donna naissance aux premières formes de religions abrahamiques et à l’Ancien Testament.
Une grande partie de ce que nous savons sur ce royaume provient des livres de l’Ancien Testament, qui indiquent qu’il fut établi sous un roi nommé Saül.
Ce personnage biblique aurait réuni sous un seul chef les tribus israélites dispersées et soumis certains peuples voisins. Parmi ses descendants figurent les célèbres rois David et Salomon.
Dans le judaïsme et le christianisme, qui considèrent l’Ancien Testament comme un texte fondateur, des traditions associées au Royaume d’Israël continuent d’être pratiquées aujourd’hui. Les prophètes et les rois mentionnés dans l’Ancien Testament sont également des figures vénérées dans l’islam et plusieurs autres religions, telles que le mandéisme, la religion druze et le bahaïsme.
Les traditions bibliques eurent également un impact sur les cultures politiques européennes. Un concept important est celui de « monarchie de droit divin », selon lequel les monarques, tels que David et Salomon, étaient nommés par Dieu.
Les monarchies chrétiennes de toute l’Europe adoptèrent cette notion pour justifier leur domination, y compris la famille royale britannique.
Cette influence biblique est évidente dans les cérémonies de couronnement, qui reconstituent rituellement celui du roi Salomon.
L’Empire achéménide
L’Empire achéménide, créé par Cyrus le Grand au VIe siècle av. J.-C., fut le premier grand empire perse.
Avant d’être surpassé par l’empire d’Alexandre le Grand, qui détruisit également l’État achéménide, cet empire était le plus grand jamais observé dans le monde.
Le territoire perse s’étendait des frontières de la Grèce en mer Égée jusqu’à l’actuel Pakistan en Asie du Sud.
Depuis leur capitale Persépolis, dans le centre de l’Iran, les empereurs perses régnaient sur une société cosmopolite et relativement tolérante, qui allait fixer les normes de l’opulence impériale moyen-orientale jusqu’au XXe siècle.
La Bible célèbre Cyrus pour avoir libéré les juifs de la captivité aux mains des Babyloniens après avoir conquis leur empire.
On attribue à cet empire la mise en place de systèmes bureaucratiques complexes pour administrer ses régions disparates, ainsi que l’édification de routes reliant les territoires achéménides les plus éloignés.
Les Perses établirent également le premier réseau postal international, qui s’étendait à l’ensemble de l’empire.
L’Égypte impériale
Si la civilisation égyptienne existe depuis au moins 3100 av. J.-C., les ambitions territoriales des différentes dynasties se limitaient au delta du Nil et, vers le sud, aux rives du fleuve.
Sous le Nouvel Empire (vers 1570-vers 1069 av. J.-C.), les Égyptiens, forts de leurs immenses richesses et de leur organisation militaire, établirent un empire qui s’étendait non seulement jusqu’au Soudan au sud, mais comprenait également le Proche-Orient jusqu’à atteindre le sud de la Turquie à son point le plus septentrional.
Cette période fut notamment marquée par un essor de la correspondance diplomatique entre l’Égypte et ses voisins sous la forme d’échanges commerciaux, d’une coopération militaire, de mariages royaux et d’échanges de présents.
Conséquence de l’expansionnisme égyptien, le plus ancien traité de paix enregistré dans l’histoire remonte à cette période.
Il fut signé entre le roi hittite Hattusili III et Ramsès II en 1269 av. J.-C., cinq ans après la sanglante bataille de Qadesh.
L’Empire babylonien
Les Babyloniens étaient un peuple sémite qui régnait sur une grande partie du territoire auparavant contrôlé par les Akkadiens.
Leur règne se divise en deux périodes : celle de la première dynastie de Babylone, de 1894 à 1595 av. J.-C., et celle de l’Empire néo-babylonien, de 626 à 539 av. J.-C., date de la conquête perse.
On leur doit des avancées en mathématiques, en particulier le développement de la trigonométrie, ainsi qu’en astronomie.
L’un de leurs principaux héritages est la segmentation du temps en 60 unités, comme la décomposition d’une minute en 60 secondes et d’une heure en 60 minutes.
Leurs contributions ne se limitèrent pas aux sciences : en effet, leur héritage considéré comme le plus célèbre relève du domaine du droit.
Le code de Hammurabi, daté du XVIIIe siècle av. J.-C., est l’un des ensembles de lois les plus anciens et les mieux conservés du monde antique.
Le roi Hammurabi, qui donna son nom à ce code, prétendait avoir reçu les commandements de Shamash, le dieu babylonien de la justice.
Le texte proscrit notamment les faux serments, le vol, l’adultère et les agressions.
Il fixe également des taux d’indemnisation en cas de négligence professionnelle, par exemple en cas de manquements de la part d’un maçon dans la construction d’une maison. Les sanctions vont de la peine de mort pour un certain nombre d’infractions à des compensations financières.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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