Israël : selon des vétérans, le projet de réforme judiciaire cause une « fracture profonde » dans l’armée
D’anciens soldats israéliens ont lancé dimanche une « alerte exceptionnelle » sur la « fracture profonde » dans l’armée causée par la crise judiciaire en cours.
Dans une déclaration commune, les vétérans ont déclaré que la situation était bien pire que ce que les dirigeants de l’armée avaient décrit et affectait désormais les soldats en service actif.
« Nous avons entendu nos unités, ces dernières semaines et ces derniers jours, parler d’un désir croissant et concret chez [au moins] des dizaines de sous-officiers actifs de mettre fin [ou du moins de ne pas prolonger] leurs contrats », ont déclaré les anciens militaires.
« Les chiffres augmentent chaque jour. La situation est bien plus grave que ce que décrivent les décideurs de l’armée. »
« Une scission dramatique comme celle-ci ne peut pas se passer à huis clos », ont ajouté les soldats, qui ont par le passé servi dans diverses unités d’élite de l’armée, dans un communiqué rapporté par des médias israéliens.
Cet avertissement survient alors qu’un nombre croissant de soldats réservistes menacent de suspendre leur service volontaire pour protester contre un plan controversé de refonte judiciaire de la coalition au pouvoir.
Quelque 10 000 réservistes ont annoncé samedi qu’ils se joindraient au boycott si le gouvernement n’abandonnait pas son projet de loi visant à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats.
Canons à eau
Ce communiqué survient alors la contestation populaire s’est intensifiée ces derniers jours à l’approche de ce vote clé. Après les grands rassemblements de dimanche, les manifestants sont de nouveau descendus dans la rue lundi.
La police a utilisé lundi matin des canons à eau pour disperser des centaines de manifestants qui bloquaient l’entrée du Parlement, a rapporté un correspondant de l’AFP, ajoutant que certains manifestants avaient été arrêtés.
Le gouvernement assure que la réforme est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs.
Ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie israélienne et ses garde-fous institutionnels. Les critiques du Premier ministre, en procès pour corruption, accusent notamment Benyamin Netanyahou de vouloir utiliser cette réforme pour atténuer un éventuel jugement prononcé à son encontre.
Plus tôt dimanche, le député de l’opposition et ancien ministre de la Défense Benny Gantz a déclaré que certains des dommages causés à l’armée lors des manifestations « sont déjà irréparables ».
Herzi Halevi, le chef d’état-major de l’armée, a écrit dimanche une lettre aux soldats les suppliant de maintenir l’unité de l’armée.
« Si nous n’avons pas une armée forte et unifiée, si les meilleurs ne servent pas, nous ne pourrons plus exister en tant que pays dans cette région », a-t-il souligné.
« Personne n’a le droit de dire qu’il ne sert plus, et nous n’avons pas tous le droit de ne pas nous présenter au travail ou de refuser un ordre. »
Le débat sur les lectures finales du projet de loi controversé a débuté dimanche au Parlement et un vote final est attendu lundi après-midi.
Traduit de l’anglais (original) et actualisé.
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