Guerre Israël-Palestine : le siège d’un hôpital au nord de Gaza réduit ses occupants à la famine
Au moins 250 médecins, patients et membres de leurs familles, se retrouvent au bord de la famine dans le nord de Gaza après que des tireurs d’élite israéliens ont assiégé l’hôpital al-Awda.
Ces soldats tirent pour tuer quiconque tente d’entrer dans le bâtiment, d’en sortir, ou même quiconque tente de passer près d’une fenêtre.
Un membre du personnel d’al-Awda témoigne à Middle East Eye des conditions désastreuses à l’intérieur de l’hôpital. La nourriture ne leur permettrait de tenir que quelques jours et ils n’ont aucun endroit où s’échapper.
« Personne ne peut bouger, entrer ou sortir de l’hôpital »
- Mohammed, membre du personnel
« Nous nous trouvons dans l’hôpital d’al-Awda, dans la zone nord, et sommes assiégés depuis quatre jours. Personne ne peut bouger, entrer ou sortir de l’hôpital », rapporte Mohammed, membre du personnel, qui demande à ce que seul son prénom soit cité.
Les tireurs d’élite israéliens entourant l’hôpital ont transformé les Palestiniens à l’intérieur en otages.
Dans un enregistrement envoyé au site américain The Hill, il a déclaré que les personnes assiégées « ne mangent qu’un seul repas par jour ».
« Nous avons de la nourriture pour trois jours seulement. De l’eau pour deux jours. Du carburant pour quatre jours. Mais aujourd’hui, le générateur s’arrêtera parce que personne ne peut bouger pour le remplir de carburant. Donc l’eau courante s’arrêtera. »
Abattu à travers une fenêtre
L’hôpital d’al-Awda a été attaqué à plusieurs reprises par Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
Samedi matin, les forces israéliennes ont commencé à attaquer les réservoirs d’eau de l’hôpital, selon Mohammed.
Le soldats ne se contentent pas de bloquer toutes les sorties et les entrées, ils tirent également sur toute personne vue en mouvement.
« Un tireur embusqué a tué notre collègue alors qu’il se tenait à une fenêtre », raconte Mohammed. Le fils d’un collègue a également été ciblé, mais les médecins ont pu lui sauver la vie. Vendredi soir, un membre du personnel d’entretien a été abattu à travers une fenêtre.
Le premier jour du siège, un tireur d’élite israélien a abattu une femme qui tentait d’entrer dans la maternité de l’hôpital. Son corps reste dans la rue, à l’extérieur, et personne ne peut le récupérer sous peine d’être tué.
En plus des tireurs d’élite, précise Mohammed, les chars israéliens sont postés à 50 ou 70 mètres de l’hôpital.
« Nous sommes un hôpital indépendant appartenant à une ONG et nous travaillons au service de la population. Je ne sais pas pourquoi nous sommes pris pour cible », s’insurge Mohammed.
Il y a un peu plus d’une semaine, l’hôpital al-Awda était le seul hôpital fonctionnel. Il assurait notamment les soins aux femmes enceintes dans le nord de Gaza. Aujourd’hui, selon le témoignage de Mohammed, l’établissement est rempli de Palestiniens blessés, 38 parmi les 250 personnes hospitalisées, ainsi que de nouvelles mères avec leurs nourrissons.
Le premier jour du siège, un tireur d’élite israélien a abattu une femme qui tentait d’entrer dans la maternité de l’hôpital. Son corps reste dans la rue, à l’extérieur, et personne ne peut le récupérer sous peine d’être tué
Tlaleng Mofokeng, rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à la santé, a déclaré jeudi qu’Israël avait déclaré une « guerre implacable » au système médical de Gaza.
MEE a contacté le bureau du porte-parole militaire israélien pour obtenir des explications sur les raisons du siège d’al-Awda, mais n’a pas reçu de réponse au moment de la publication.
Le 21 novembre, Médecins sans frontières (MSF) a rapporté que trois médecins, dont deux membres du personnel de MSF, avaient été tués lors d’une frappe contre l’hôpital.
Même si l’organisation n’a pas précisé qui était responsable de l’attentat, le même jour, la Société du Croissant-Rouge palestinien a rapporté qu’une frappe israélienne avait tué au moins quatre médecins à al-Awda.
L’un des médecins MSF tués, Mahmoud Abu Nujaila, avait écrit le 20 octobre sur un tableau blanc à l’intérieur de l’hôpital : « Nous avons fait ce que nous pouvions. Souvenez-vous de nous ».
Près de 17 500 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre, et plusieurs milliers d’autres sont portés disparus ou présumés morts.
Israël a assiégé plusieurs hôpitaux de Gaza depuis le début de la guerre, notamment l’hôpital al-Chifa, le plus grand complexe médical de Gaza, et l’hôpital al-Rantissi, tous deux situés dans la ville de Gaza, au nord.
Les sièges sont souvent suivis de raids, qui ont laissé plusieurs hôpitaux en ruines après le retrait des forces israéliennes.
Traduit de l’anglais (original).
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