Guerre Israël-Palestine : pourquoi les médias ignorent-ils les preuves des actes perpétrés par Israël le 7 octobre ?
Depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, il ne s’est pratiquement pas passé un jour sans que les médias occidentaux ne soient revenus sur ces événements, souvent pour révéler ce qui est présenté comme de nouveaux détails sur les atrocités stupéfiantes commises par le groupe palestinien.
Ces révélations permettent d’entretenir l’indignation de l’opinion publique occidentale et la position précaire des activistes pro-palestiniens.
Cette indignation facilite la tâche d’Israël, qui rase de vastes étendues de Gaza, a tué près de 20 000 Palestiniens dont une majorité de femmes et d’enfants et prive les 2,3 millions d’habitants de l’enclave d’un accès à de la nourriture, de l’eau et du carburant.
Fait crucial, cela permet également aux gouvernements occidentaux de soutenir plus facilement Israël de tout leur poids – et de l’abreuver d’armes –, alors même que les dirigeants israéliens ne cessent de tenir des propos génocidaires et se livrent à des opérations de nettoyage ethnique.
Les intenses campagnes de bombardement israéliennes ont confiné près de deux millions de Palestiniens dans une petite partie de Gaza, acculés à la courte frontière de l’enclave avec l’Égypte, tandis que la famine et des maladies mortelles commencent à sévir.
De nombreuses affirmations concernant le 7 octobre dépassent l’entendement : on a ainsi raconté que les combattants du Hamas auraient décapité 40 bébés, fait cuire un autre bébé dans un four, procédé à des viols massifs et systématiques ou encore arraché un fœtus du ventre de sa mère.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a même décrit avec des détails explicites – et totalement inexacts – une attaque du Hamas contre une famille israélienne : « L’œil du père a été arraché devant ses enfants. Le sein de la mère a été coupé, le pied de la fille amputé, les doigts du garçon coupés avant qu’ils ne soient exécutés. »
Peu de preuves
Il ne fait aucun doute que des atrocités ont été commises ce jour-là par le Hamas et d’autres hommes armés en Israël, comme le rapportent des ONG telles que Human Rights Watch.
Elles se poursuivent depuis chaque jour à Gaza, notamment du fait des bombardements incessants israéliens contre la population civile et du refus du Hamas de libérer les derniers otages israéliens sans échange avec des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Cependant, en ce qui concerne les allégations les plus choquantes portées contre le Hamas et véhiculées par les médias occidentaux – qui étayent l’argumentaire en faveur du carnage perpétré depuis plus de deux mois par Israël à Gaza –, il n’y a souvent que peu de preuves voire aucune au-delà d’affirmations formulées par des responsables israéliens et des premiers intervenants très partisans et peu fiables.
L’amplification par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de nourrir la thèse israélienne selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas
Début décembre, la BBC et d’autres médias ont à nouveau rapporté des viols massifs et systématiques commis par le Hamas le 7 octobre. Les efforts déployés par l’ONU pour enquêter sur ces allégations sont entravés par Israël.
Néanmoins, une fois de plus, la couverture de la dévastation croissante de Gaza a été mise à l’écart.
L’empressement des médias à réexaminer le 7 octobre aussi longtemps après ces événements s’inscrit toutefois dans des limites strictes. Seules les affirmations qui soutiennent le discours d’Israël sur ce qui s’est passé ce jour-là sont diffusées.
Un nombre croissant de preuves suggérant une réalité bien plus complexe, qui donne aux agissements d’Israël une image bien plus troublante, sont ignorées ou étouffées.
Cette approche profondément malhonnête de la part des médias occidentaux indique qu’ils ne recherchent pas, contrairement à ce qu’ils déclarent, la vérité au mépris de toute crainte. Au contraire, ils régurgitent les éléments de discours qui leur sont servis par Israël.
Non seulement cette approche est déraisonnable – en particulier compte tenu du long palmarès d’Israël en matière de promotion de mensonges, des plus petits aux plus grands –, mais elle enfreint tous les codes journalistiques de base.
Pire encore, l’amplification crédule par les médias de la version israélienne du 7 octobre continue de nourrir la thèse selon laquelle il est moralement justifié de détruire Gaza pour éliminer le Hamas.
Des supporters actifs
À l’insu de la plupart des Occidentaux, des sources israéliennes ont régulièrement fourni, au cours des deux derniers mois, des preuves impliquant l’armée israélienne dans au moins certains des massacres attribués au Hamas.
La semaine dernière, l’armée israélienne a finalement reconnu que des incidents de « tirs amis » ayant causé la mort de civils dans les communautés du sud du pays avaient eu lieu « en quantité immense et complexe » le 7 octobre. Compte tenu de ce grand nombre, a-t-elle ajouté en trahissant un manque de logique évident, « il serait contraire à la morale d’enquêter sur ces incidents ».
Comment est-il possible, compte tenu de leur intérêt constant pour les événements du 7 octobre, qu’aucun média occidental n’ait fait état de ces preuves accablantes, et encore moins enquêté dessus ?
Il est difficile de ne pas en conclure que les médias occidentaux ne s’intéressent qu’aux récits qui présentent le Hamas, et non Israël, comme les méchants – tout en se souciant peu de leur véracité. Cela signifierait que les médias ne sont pas des informateurs impartiaux, mais qu’ils ont été recrutés par Israël pour devenir ses supporters actifs.
La version officielle d’Israël, reprise par les médias occidentaux, est que le Hamas planifiait depuis longtemps un carnage effréné et barbare dans des communautés israéliennes, motivé par un mélange de soif de sang primitive et religieuse et de haine des juifs.
L’occasion pour le groupe de concrétiser cet objectif s’est présentée le 7 octobre, selon cette version, lorsqu’Israël a momentanément baissé sa garde et que le Hamas a franchi la barrière de haute technologie qui était censée l’emprisonner à jamais avec le reste des 2,3 millions d’habitants de Gaza.
Au cours de cette offensive, le Hamas s’est évertué à massacrer des civils, à décapiter des bébés et à utiliser le viol comme arme de guerre et de profanation. Ses combattants ont ouvert le feu sur les habitations dans des communautés israéliennes voisines, les laissant souvent en ruines et brûlant vives leurs victimes.
Certes, l’affirmation concernant les 40 bébés décapités a été discrètement écartée, parce qu’il n’y a précisément aucune preuve à l’appui. Selon les chiffres publiés par Israël, seuls deux bébés sont morts ce jour-là.
Néanmoins, les médias contestent rarement les porte-parole israéliens ou les responsables politiques occidentaux lorsqu’ils avancent cette allégation depuis longtemps discréditée.
Cependant, nombre de ces autres allégations ne sont pas moins dépourvues de preuves et doivent également être passées au crible.
Bien qu’on leur donne rarement la parole, les Palestiniens ont leur propre version, alternative, de ce qui s’est passé ce jour-là – et certaines parties de ce récit sont étayées par des témoignages de sources israéliennes.
Une remise en cause de la version officielle
Selon ce récit, le Hamas s’est longuement entraîné en vue de son offensive, avec un objectif stratégique à l’esprit : lancer un assaut de type commando sur quatre bases militaires entourant Gaza afin de tuer ou de prendre en otage le plus grand nombre possible de soldats israéliens, ainsi qu’un assaut similaire contre des communautés israéliennes locales afin de prendre des civils en otage.
L’objectif, selon cette version, était d’échanger les otages contre des prisonniers palestiniens enfermés par milliers dans les prisons israéliennes, y compris des femmes et des enfants, souvent détenus sans procès militaire et même sans inculpation.
Pour l’opinion publique palestinienne, ces prisonniers ne sont pas moins des otages que les Israéliens retenus à Gaza.
Le Hamas a pris d’assaut des bases militaires et les communautés israéliennes de Beeri et Kfar Aza. C’est pourquoi environ un tiers des 1 200 Israéliens tués ce jour-là étaient des soldats, des policiers ou des gardes armés, et qu’un grand nombre des 240 otages servaient également dans l’armée israélienne.
Selon la plupart des témoignages, même israéliens, le Hamas est tombé par hasard sur le festival de musique Nova, qui avait été déplacé dans une zone proche de la barrière frontalière avec Gaza. Des affrontements imprévus ont eu lieu avec les agents de sécurité, tandis que l’attaque contre les festivaliers a pris une tournure particulièrement chaotique et macabre.
Alors pourquoi le Hamas s’est-il écarté de son plan en tuant autant de civils ? Et pourquoi l’a-t-il fait d’une manière aussi sauvage, gratuite et chronophage, en brûlant vifs des Israéliens, en utilisant sa puissance de feu pour réduire leurs maisons en ruines et en incendiant des centaines de voitures sur l’autoroute près du site du festival ?
Qu’est-ce que le Hamas avait à gagner en dépensant autant d’énergie et de munitions pour des spectacles d’horreur plutôt que pour son plan de prise d’otages ?
Qu’est-ce que le Hamas avait à gagner en dépensant autant d’énergie et de munitions pour des spectacles d’horreur plutôt que pour son plan de prise d’otages ?
Pour de nombreux dirigeants et journalistes occidentaux, il semblerait qu’aucune réponse rationnelle ne soit nécessaire. Les combattants du Hamas – et potentiellement tous les Palestiniens – sont simplement des barbares pour qui le massacre d’Israéliens, de juifs voire de tous les non-musulmans est une seconde nature.
Mais pour ceux dont l’esprit est moins imprégné de préjugés racistes, une autre image des événements s’impose progressivement, alimentée par des témoignages de survivants et de responsables israéliens, ainsi que par la couverture des médias israéliens.
Parce qu’ils contredisent la version officielle d’Israël, ces témoignages sont soigneusement ignorés par les médias occidentaux.
Brûlés vifs
Étonnamment, celui dont les déclarations ont le plus brouillé le discours officiel est Mark Regev, le porte-parole du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Dans une interview accordée à MSNBC le 16 novembre, Mark Regev a indiqué qu’Israël avait réduit le bilan officiel de 200 morts après que ses enquêtes ont montré que les corps carbonisés qu’il avait comptabilisés comprenaient non seulement des Israéliens, mais aussi des combattants du Hamas. Ces derniers, brûlés vifs, étaient trop défigurés pour pouvoir être identifiés aisément.
Mark Regev a déclaré à Mehdi Hasan, de MSNBC : « Il y avait en réalité des corps tellement brûlés que nous pensions qu’ils étaient à nous. Il est apparu en fin de compte qu’il s’agissait de terroristes du Hamas. »
La déclaration de Mark Regev posait un problème évident, qui n’a pas été contesté par le présentateur de MSNBC et qui a été ignoré par les médias depuis lors. Comment autant de combattants du Hamas ont-ils fini brûlés – et exactement aux mêmes endroits que les Israéliens, ce qui signifie que leurs dépouilles n’ont pas pu être séparées pendant de nombreuses semaines ?
Les combattants du Hamas se seraient-ils livrés à un étrange rituel en s’immolant dans des voitures et des maisons aux côtés de leurs otages ? Et si oui, pourquoi ?
Il existe une explication probable, confirmée par une survivante israélienne des événements du 7 octobre, ainsi que par un garde de sécurité et différents militaires. Mais ces témoignages mettent à mal la version officielle.
Bombardés par Israël
Yasmin Porat, qui a fui le festival Nova et s’est réfugiée à Beeri, est l’une des rares personnes à avoir survécu ce jour-là. Son partenaire, Tal Katz, a été tué.
Elle s’est expliquée à plusieurs reprises devant les médias israéliens sur ce qui s’est passé.
Selon le témoignage donné par Yasmin Porat à la radio Kan le 15 novembre, les combattants du Hamas à Beeri se sont barricadés dans une maison avec un groupe d’une douzaine d’otages israéliens, prévoyant de les utiliser comme boucliers humains ou comme monnaie d’échange pour s’échapper.
L’armée israélienne n’était cependant pas d’humeur à négocier. Yasmin Porat n’a pu s’échapper que parce que l’un des combattants du Hamas a quitté la maison très tôt en l’utilisant comme bouclier humain avant de se rendre.
Selon Yasmin Porat, les soldats israéliens se sont engagés dans une fusillade de quatre heures avec les hommes armés du Hamas, malgré la présence de civils israéliens. Tous les otages n’ont cependant pas été tués dans les échanges de tirs. Israël a mis fin à la confrontation en tirant deux obus sur la maison avec un char israélien.
Lorsque Yasmin Porat a demandé pourquoi ils avaient fait cela, « ils [lui] ont expliqué que c’était pour casser les murs, pour aider à purifier la maison ».
La seule autre survivante, Hadas Dagan, qui est restée allongée à plat ventre sur l’herbe devant la maison pendant la fusillade, a raconté à Yasmin Porat ce qui s’est passé après que les deux obus ont frappé la maison. Elle a vu ses deux compagnons allongés près d’elle, tués par des éclats d’obus.
Les cris de Liel Hatsroni, une jeune fille de 12 ans qui se trouvait dans la maison pendant toute la durée de la fusillade, ont également cessé.
Elle et sa tante, Ayalan, ont toutes deux été carbonisées. Il a fallu des semaines pour identifier leur dépouille.
Il convient de noter que la dépouille calcinée de Liel Hatsroni a été l’une des preuves à charge émotionnelle employées par Israël pour accuser le Hamas d’avoir tué et brûlé des Israéliens.
Selon le récit fait par le site d’information israélien Ynet de la mort de Liel Hatsroni, de sa tante, de son frère jumeau et de son grand-père, les combattants du Hamas « les ont tous assassinés. Ils ont ensuite incendié la maison ».
Des pilotes désorientés
Le témoignage de Yasmin Porat est loin d’être la seule source montrant qu’Israël est probablement responsable d’une part importante des décès de civils ce jour-là – et des corps brûlés.
Interrogé par le journal Haaretz, Tuval Escapa, coordinateur de sécurité à Beeri, a corroboré son témoignage. « Les commandants sur le terrain ont pris des décisions difficiles, notamment celle de bombarder les maisons et leurs occupants afin d’éliminer les terroristes présents avec les otages », a-t-il indiqué.
Les voitures incendiées au festival Nova et leurs occupants semblent avoir subi le même sort. Il semblerait que les pilotes d’hélicoptères, face à l’inquiétude de voir des tireurs du Hamas fuir la zone avec des otages dans les voitures, aient reçu l’ordre d’ouvrir le feu, calcinant ainsi les voitures et tous leurs occupants.
Ce qui semble certain à la lumière de ces preuves de plus en plus nombreuses, c’est que le 7 octobre, de nombreux civils israéliens ont été tués soit dans les échanges de tirs entre Israël et le Hamas, soit par des directives militaires israéliennes
Il y a une explication probable à cela. L’armée israélienne dispose depuis longtemps d’un protocole secret, appelé directive Hannibal, selon lequel les soldats ont pour instruction de tuer tout camarade capturé afin d’éviter qu’il ne soit pris en otage. Les modalités d’application de cette directive aux civils israéliens sont moins claires, bien qu’elle semble avoir été utilisée par le passé.
L’objectif est d’empêcher qu’Israël ne soit confronté à des demandes de libération de prisonniers.
Dans un cas au moins, un responsable militaire israélien, le colonel Nof Erez, a déclaré que « la directive Hannibal [avait] manifestement été appliquée ». Il a ainsi qualifié d’« Hannibal de masse » les frappes aériennes israéliennes du 7 octobre.
Selon Haaretz, il ressort des enquêtes de police qu’« un hélicoptère de combat des FDI [l’armée israélienne] qui est arrivé sur les lieux et a ouvert le feu sur les terroristes semble avoir également touché des festivaliers ».
Dans une vidéo diffusée par l’armée israélienne, on voit des hélicoptères Apache tirer au hasard des missiles sur des voitures qui quittent le secteur, sans doute en présumant qu’elles contenaient des combattants du Hamas qui tentaient de faire passer des otages dans la bande de Gaza.
Le site d’information Ynet a cité une analyse faite par l’armée de l’air israélienne des opérations de ses hélicoptères d’attaque, dont plus d’une vingtaine ont survolé le festival Nova : « Il était très difficile de faire la distinction entre les terroristes et les soldats ou les civils [israéliens]. » Néanmoins, les pilotes ont reçu l’ordre « de tirer sur tout ce qu’ils voyaient dans la zone de la barrière » frontalière avec Gaza.
« Ce n’est qu’à un certain stade que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à choisir méticuleusement leurs cibles », a rapporté le média.
D’après une autre publication israélienne, Mako, « il n’y avait pratiquement aucun élément de renseignement pour aider à prendre les décisions fatidiques » et les pilotes « vidaient le “ventre” de l’hélicoptère en quelques minutes, allaient se réarmer et retournaient dans les airs, inlassablement ».
Un autre article de Mako cite le commandant d’une unité d’Apache : « Tirer sur des gens sur notre territoire, c’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé faire. » Un autre pilote se remémore l’attaque : « Je me retrouve face à un dilemme quant à savoir sur quoi tirer. »
Des secrets emportés dans la tombe
Chose tout à fait extraordinaire, on constate que dans leur couverture de la dévastation, des maisons ravagées aux voitures calcinées et déchiquetées, les journalistes ignorent complètement les preuves visuelles qui leur sautent aux yeux et se contentent d’amplifier le discours officiel d’Israël.
Il existe bien des questions plus qu’évidentes que personne ne pose – et auxquelles aucune réponse ne se sera probablement jamais apportée.
Comment le Hamas a-t-il pu causer une dévastation aussi vaste et intense alors que sur les vidéos de ses propres combattants, ils sont pour l’essentiel munis d’armes légères ?
Ceux qui étaient armés de lance-roquettes de base étaient-ils capables de suivre et de frapper avec précision et depuis le sol des centaines de véhicules qui fuyaient le festival à toute vitesse ?
Sur les vidéos des caméras corporelles du Hamas, on voit des voitures quitter le festival Nova avec des hommes armés et des otages à l’intérieur. Pourquoi le Hamas aurait-il pris le risque de réduire les siens en cendres ?
Étant donné la propension du Hamas à filmer ses exploits, pourquoi n’y a-t-il pas d’images de ces actions ? Et pourquoi le Hamas aurait-il gaspillé ses munitions les plus précieuses dans des attaques aléatoires contre des voitures plutôt que de les réserver à la mission bien plus difficile d’attaquer les bases militaires israéliennes ?
Israël ne semble pas vouloir enquêter sur les voitures brûlées et les maisons saccagées, peut-être parce qu’il connaît déjà les réponses et craint que d’autres ne découvrent un jour la vérité à leur tour.
Alors que les organisations religieuses exigent que les voitures soient enterrées au plus vite pour préserver la sacralité des morts, ces squelettes métalliques emporteront leurs secrets dans la tombe.
Des fables grotesques
Ce qui semble certain à la lumière de ces preuves de plus en plus nombreuses – et de la traînée d’indices visuels –, c’est que le 7 octobre, de nombreux civils israéliens ont été tués soit dans les échanges de tirs entre Israël et le Hamas, soit par des directives militaires israéliennes visant à empêcher les combattants du Hamas de retourner à Gaza et d’y emmener des otages.
Israël ne semble pas vouloir enquêter sur les voitures brûlées et les maisons saccagées, peut-être parce qu’il connaît déjà les réponses et craint que d’autres ne découvrent un jour la vérité à leur tour
La semaine dernière, une commentatrice israélienne du journal Haaretz a parlé de témoignages « fracassants ». « La directive Hannibal a-t-elle été appliquée à des civils ? Une enquête et un débat public doivent avoir lieu maintenant, quelles que soient les difficultés à surmonter », a-t-elle soutenu.
Néanmoins, l’armée a clairement indiqué qu’elle n’avait pas l’intention d’enquêter, alors que toute sa campagne génocidaire contre Gaza est fondée sur des allégations racoleuses qui semblent n’avoir qu’un rapport limité avec la réalité.
Rien de tout cela ne justifie les atrocités commises par le Hamas, en particulier le meurtre et la prise en otage de civils. En revanche, cela donne une image très différente des événements de cette journée.
Rappelons qu’Israël et ses partisans cherchent à comparer l’attaque du Hamas du 7 octobre à l’Holocauste perpétré par les nazis. Ils concoctent des fables grotesques pour présenter les Palestiniens comme des sauvages assoiffés de sang, qui méritent tout sort qui leur est réservé.
Et ces fables servent de base à l’indulgence et à la sympathie de l’Occident à l’égard d’Israël, qui se livre à un nettoyage ethnique et à un génocide à Gaza.
À vrai dire, il aurait été beaucoup plus difficile pour les gouvernements occidentaux de faire accepter à leur opinion publique le déchaînement d’Israël à Gaza si les crimes du Hamas avaient été considérés comme un élément hélas trop typique des confrontations militarisées modernes dans lesquelles les civils deviennent des dommages collatéraux.
Les gouvernements et institutions occidentaux auraient dû exiger une enquête indépendante pour clarifier l’ampleur des atrocités commises par le Hamas ce jour-là, plutôt que de se faire l’écho de responsables israéliens qui voulaient un prétexte pour saccager Gaza et chasser ses habitants vers le Sinaï voisin.
L’œuvre des médias occidentaux est encore plus lamentable – et dangereuse. Ils prétendent surveiller le pouvoir. Mais ils ne cessent d’amplifier les affirmations dépourvues de preuves de l’occupant israélien, de colporter des calomnies contre les Palestiniens sans les vérifier ou presque, mais aussi d’étouffer les preuves qui remettent en cause le discours officiel d’Israël.
Rien que pour cette raison, les journalistes occidentaux sont entièrement complices des crimes contre l’humanité qui sont actuellement perpétrés à Gaza – des crimes qui sont commis en ce moment même, et non il y a deux mois.
- Jonathan Cook est l’auteur de trois ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et le lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn. Vous pouvez consulter son site web et son blog à l’adresse suivante : www.jonathan-cook.net.
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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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