L’EI revendique la première attaque à la hache dans un train en Allemagne
Ce mardi, le groupe État islamique a revendiqué la responsabilité de sa première attaque en Allemagne, une agression à la hache et au couteau perpétrée dans un train par un réfugié afghan de 17 ans.
Les autorités allemandes ont annoncé avoir trouvé un drapeau de l’EI peint à la main parmi les biens de ce demandeur d’asile, qui a grièvement blessé quatre membres d’une famille de touristes originaires de Hong Kong dans sa folie meurtrière. L’agresseur adolescent a été tué alors qu’il tentait de fuir.
« L’auteur de l’attaque au couteau en Allemagne était l’un des combattants de l’État islamique », a indiqué l’agence de presse AMAQ, liée à l’EI.
« Nous espérons que ceux qui ont été gravement blessés s’en sortiront », a déclaré Joachim Herrmann, ministre de l’Intérieur du Land de Bavière, à la télévision publique ZDF.
L’Allemagne a jusqu’ici échappé aux attaques à grande échelle de Daech, comme celle qui s’est produite dans la ville de Nice la semaine dernière, au cours de laquelle Mohamed Lahouaiej Bouhlel (31 ans) a utilisé un camion pour faucher 84 personnes. Cette attaque a également été revendiquée par l’EI.
L’attaque qui s’est déroulée en Bavière est susceptible de relancer un débat national houleux sur l’intégration des migrants et des réfugiés après une affluence record l’an dernier.
« Comme un abattoir »
L’agresseur est arrivé en tant que mineur non accompagné en Allemagne il y a environ deux ans et était dans une famille d’accueil de la région ces deux dernières semaines, d’après Herrmann.
« Il est très probable qu’il s’agisse d’une attaque islamiste », a déclaré un porte-parole du ministère quelques heures après l’attaque.
Cependant, il a souligné que l’enquête était en cours et que l’adolescent semblait avoir agi seul.
« Nous devons déterminer ses motivations et dans quelle mesure il appartenait vraiment à la mouvance islamiste ou s’il s’était radicalisés très récemment », a déclaré Herrmann, ajoutant que l’agresseur n’avait pas de casier judiciaire en Allemagne.
L’attaque s’est produite vers 21 h 15. Un témoin oculaire qui vit à côté de la gare a rapporté à l’agence de presse DPA que le train, qui transportait environ 25 personnes, ressemblait à « un abattoir », le sol couvert de sang.
L’homme, qui a souhaité conserver l’anonymat, a raconté avoir vu des gens ramper hors de la voiture et demander une trousse de premiers soins tandis que d’autres victimes gisaient sur le sol à l’intérieur.
« L’auteur est parvenu à quitter le train, la police s’est lancée à sa poursuite et dans le cadre de cette poursuite, ils ont tiré sur l’assaillant et l’ont tué », a déclaré un porte-parole de la police.
Herrmann a précisé plus tard que l’adolescent avait été tué lorsqu’il avait attaqué la police en essayant de fuir les lieux.
Tensions politiques
L’Allemagne a été épargnée par les attaques majeures. Cependant, en mai, un homme de 27 ans mentalement instable brandissant un couteau a tué une personne et en a blessé trois autres dans un autre train régional bavarois.
Les premiers rapports avaient suggéré qu’il avait crié « Allahu akbar », mais la police a indiqué plus tard il n’y avait pas de preuve suggérant un motif religieux. Il est enfermé dans un hôpital psychiatrique.
En février, une jeune fille de 15 ans d’origine turque a poignardé un policier dans le cou avec un couteau de cuisine à la gare de Hanovre, dans ce qui a été qualifié plus tard par le procureur d’attaque inspirée par l’EI.
Et en avril, la police a arrêté deux jeunes de 16 ans en lien avec une explosion qui a blessé trois personnes dans un temple sikh, dans ce qui serait une attaque motivée par l’EI contre une fête de mariage indien à Essen, une ville de l’Ouest du pays.
L’Allemagne a accueilli près de 1,1 million de demandeurs d’asile l’année dernière, les Syriens constituant le plus grand groupe, suivi par les Afghans.
Toutefois, le nombre de réfugiés arrivant en Allemagne a fortement baissé à la suite de la fermeture de la route des Balkans et de l’accord européen avec la Turquie visant à endiguer ce flux.
La Bavière est dirigée par l’Union chrétienne-sociale (CSU), parti frère des conservateurs chrétiens-démocrates (CDU) de la chancelière Angela Merkel, qui a vivement critiqué la position ouverte de Merkel envers les demandeurs d’asile.
La scission a menacé l’unité de la coalition au pouvoir à Berlin et fait plonger la cote de popularité du gouvernement.
Cela a également fait progresser un parti populiste de droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a été fondé comme une manifestation de l’euroscepticisme en 2013, mais vitupère désormais principalement contre l’islam et l’afflux de réfugiés en Allemagne.
La popularité de Merkel a rebondi récemment, mais l’attaque en Bavière est susceptible d’attiser ces tensions politiques.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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