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Guerre Israël-Palestine : un ancien prisonnier palestinien raconte l’« enfer » des prisons israéliennes

Récemment libéré, Fouad Hassan se fait l’écho de témoignages évoquant les atrocités perpétrées dans les prisons israéliennes
Comme Fouad Hassan, au moins 2 570 Palestiniens ont été arrêtés depuis le 7 octobre (photo fournie)
Par Fayha Shalash à RAMALLAH, Palestine occupée

« Bienvenue en enfer. » Les mots prémonitoires d’un gardien de prison israélien résonnent aux oreilles de Fouad Hassan. 

Cela fait plusieurs jours que cet homme de 45 ans a été libéré de la prison où il a été battu, maltraité et humilié.

Dix jours de détention lui ont suffi pour découvrir l’horreur subie par les Palestiniens dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre.

Lundi matin, le Service pénitentiaire israélien a annoncé la mort d’un détenu palestinien, Abdul-Rahman Maree, dans la prison de Megiddo, à l’endroit même où Fouad Hassan a eu des côtes cassées et le corps couvert d’hématomes.

Père de quatre enfants, Abdul-Rahman Maree était en prison depuis son arrestation en février, alors qu’il rentrait chez lui en Cisjordanie occupée après sa journée de travail en Israël.

Il est le cinquième Palestinien à trouver la mort dans des circonstances obscures dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre. Parmi les victimes figure un Palestinien de Gaza dont l’identité n’est toujours pas connue.

La mort de ce prisonnier n’a cependant pas surpris Fouad Hassan, compte tenu de la cruauté du traitement infligé aux prisonniers depuis le début de la guerre à Gaza.

« Les gardiens ont accroché le drapeau israélien et ordonné à chaque prisonnier de l’embrasser pour pouvoir les prendre en photo »

– Fouad Hassan, ancien prisonnier

À la suite d’une offensive sans précédent menée par le Hamas contre des localités du sud d’Israël le mois dernier, qui a tué environ 1 200 Israéliens, Israël a lancé une campagne de bombardement sans relâche sur Gaza, accompagnée d’une répression violente contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée.

L’armée israélienne procède depuis lors à des campagnes d’arrestations massives et à des raids dans les villes palestiniennes de Cisjordanie, faisant de nombreuses victimes.

Début novembre, des dizaines de soldats israéliens ont fait irruption au domicile de Fouad Hassan à Qusra et menacé toute la famille d’arrestation si son frère Ibrahim, qui n’était pas présent, ne se rendait pas. 

Ibrahim, qui a déjà été emprisonné à deux reprises et a été blessé par balle au rein par les forces israéliennes en 2014, refuse depuis de se rendre en raison des témoignages faisant état d’actes de maltraitance dans les prisons israéliennes.

« Deux jours après ces menaces, des dizaines de soldats ont fait irruption chez moi et chez mes dix frères. Ils ont tout vandalisé à l’intérieur et m’ont arrêté après m’avoir ligoté et bandé les yeux », raconte Fouad Hassan.

Dans le véhicule militaire où ils l’ont fait monter, les soldats l’ont frappé dans le dos, aux bras et au cou avec leurs fusils.

Il a été placé en détention dans le camp militaire de Huwara, au sud de Naplouse, pendant plusieurs heures. Il y a vu des dizaines de détenus allongés sur le sol, ligotés et les yeux bandés.

Les soldats les frappaient « violemment et sans pitié », se souvient-il.

« Bienvenue en enfer »

Quelques heures plus tard, Fouad Hassan et dix-sept autres détenus ont été transférés à la prison de Megiddo, où ils allaient connaître un degré d’humiliation encore plus élevé.

« Une fois sur place, l’un des gardiens de prison a dit : “Bienvenue en enfer.” On ne comprenait pas ce qu’il avait voulu dire jusqu’à ce qu’ils se mettent à nous frapper des pieds et des mains et à nous faire terriblement souffrir », raconte-t-il.

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Fouad Hassan a été emmené dans une petite pièce et a été ligoté au niveau des mains et des pieds. Un gardien de prison l’a frappé à la tête à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il ait des vertiges, puis aux jambes et dans le dos, lui laissant de profondes ecchymoses.

« Dans la pièce, ils ont accroché le drapeau israélien et ordonné à chaque prisonnier de l’embrasser pour pouvoir les prendre en photo », raconte-t-il.

« Lorsque mon tour est arrivé et que j’ai refusé, le gardien m’a donné un violent coup de pied dans la poitrine qui m’a brisé des côtes. Il m’a ensuite soulevé et a placé ma tête près du drapeau pour prendre une photo. »

Lorsqu’un autre prisonnier a refusé d’embrasser le drapeau, le gardien a attrapé et écrasé sa main avec une telle force qu’il a entendu des os se briser.

Les gardiens de prison ont également lâché un chien policier sur un troisième prisonnier originaire de Jénine. Selon Fouad Hassan, certains des détenus passés à tabac étaient âgés d’une soixantaine d’années.

« Constamment affamés »

Fouad Hassan décrit son passage à la prison de Megiddo comme une expérience encore plus difficile que les trois peines d’emprisonnement précédentes – 40 mois au total – qu’il a purgées il y a plusieurs années.

Les autorités israéliennes ont adopté dans les prisons ce que les prisonniers palestiniens qualifient de « politique de la faim », une pratique qui consiste à ne servir aux prisonniers que deux repas par jour avec des portions réduites.

Les prisonniers racontent également qu’on leur sert du riz à moitié cuit et qu’on les oblige à rationner la nourriture.

« Les prisonniers restent constamment affamés. Certains sont malades et ont besoin de nourriture saine, mais il n’y en a pas », explique Fouad Hassan.

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« Il n’y a pas non plus de soins ni de suivi médical. L’un des prisonniers a demandé à être soigné pour sa main cassée, ils lui ont donné un comprimé d’analgésique quelques jours plus tard. »

Dans la prison de Megiddo, douze prisonniers sont entassés dans une pièce pouvant accueillir à peine six personnes, dans laquelle se trouvent également des toilettes. Certains détenus sont contraints de dormir à même le sol, sans couverture. 

Il y a plusieurs semaines, les autorités pénitentiaires israéliennes ont confisqué les vêtements et les effets personnels des prisonniers et les ont jetés à la poubelle, rapportent des prisonniers.

Il ne leur restait que les vêtements et les chaussures qu’ils portaient alors.

Au moins 2 570 Palestiniens de différentes villes de Cisjordanie ont été arrêtés sans raison apparente dans le cadre de la campagne d’arrestations massives menée par Israël.

Nombre de ceux qui ont été libérés formulent des témoignages similaires faisant état de maltraitance physique et mentale, d’agressions et de mesures de privation de nourriture dans les prisons israéliennes.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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