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Égypte : le secret de 70 ans de régime militaire

Hormis l’interrègne d’un an du président Mohamed Morsi en 2012-2013, pendant lequel l’armée œuvrait en coulisses pour préparer sa chute, les officiers ont exercé un pouvoir absolu et ininterrompu, établissant ainsi un record mondial de durée de la dictature militaire
Portrait des présidents-officiers égyptiens (de gauche à droite) : Hosni Moubarak, Gamal Abdel-Nasser, Anouar el-Sadate et Abdel Fattah al-Sissi (MEE)
Portrait des présidents-officiers égyptiens (de gauche à droite) : Hosni Moubarak, Gamal Abdel-Nasser, Anouar el-Sadate et Abdel Fattah al-Sissi (MEE)

Il y a huit ans, le 28 mai 2014, Abdel Fattah al-Sissi était élu président avec 96, 1 % des suffrages. Le mois de juillet marquera les 70 ans de régime militaire en Égypte. Hormis l’interrègne d’un an du président Mohamed Morsi en 2012-2013, pendant lequel l’armée œuvrait en coulisses pour préparer sa chute, les officiers ont exercé un pouvoir absolu et ininterrompu, établissant ainsi un record mondial de durée de la dictature militaire. 

Cette longévité politique ne tient pas aux réalisations de ce que l’analyste Yezid Sayigh appelle la « république des officiers ».

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En effet, le développement économique, politique et social relatif de l’Égypte, par rapport au niveau régional ou mondial, a décliné de manière persistante, bien qu’inégale tout au long de cette période.

D’État arabe le plus développé en 1952, capable de projeter à la fois son hard et soft power dans la région – même à l’échelle mondiale pour le soft power –, l’Égypte est passée au statut d’outsider dans le monde et même au Moyen-Orient.

Désormais, elle réagit au lieu de façonner les événements dans les pays voisins, tels que le Liban, la Syrie, le Soudan et la Libye, où sa force faisait autrefois quasiment loi. Les ressources humaines égyptiennes, les plus importantes et qualifiées du monde arabe dans les années 1950 et 1960, ont connu un déclin relatif depuis lors, le système éducatif, les industries et les services n’ayant pas réussi à suivre le rythme de leurs concurrents.

Difficile d’identifier ce que défend l’armée égyptienne

La sous-performance de la république des officiers soulève la question suivante : pourquoi sont-ils toujours au pouvoir ? En Espagne, en Grèce, en Argentine, au Brésil, au Chili, au Nigeria, en Corée du Sud, à Taïwan et ailleurs, les militaires incompétents ont été chassés du pouvoir en raison de leur mauvaise gouvernance.

Même les défaites militaires désastreuses, semblables à celles qui ont allumé l’étincelle des rébellions populaires contre les colonels grecs et les généraux argentins, n’ont pas renversé Gamal Abdel Nasser ou Anouar el-Sadate en Égypte – bien qu’elles aient enseigné à Hosni Moubarak et Abdel Fattah al-Sissi à ne pas engager leurs forces armées, coûteuses et choyées, dans la bataille. 

Nasser a fusionné les pratiques et institutions coloniales britanniques avec celles du régime communiste est-allemand pour créer un véritable mastodonte sécuritaire

La justification idéologique du régime militaire, à l’origine enracinée dans l’anticolonialisme et le nationalisme arabe, s’est depuis dissipée au point qu’il serait difficile d’identifier ce que défend l’armée égyptienne, sinon son propre pouvoir, et par extension, du moins c’est ce qu’elle prétend, la cohésion de la nation.

Mais la poursuite du premier objectif peut être interprétée comme allant à l’encontre du second. Quoique correcte, la justification « avec un autre que moi le déluge » du régime militaire n’a pas l’attrait des idéologies mobilisatrices précédemment propagées par l’armée.

En l’absence de facteurs de légitimation positifs, le facteur négatif de la répression offre une explication aux 70 longues années de régime militaire.

Certes, la répression est omniprésente depuis que Nasser y a eu recours : celui-ci a fusionné les pratiques et institutions coloniales britanniques avec celles du régime communiste est-allemand pour créer un véritable mastodonte sécuritaire.

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Sur le plan organisationnel, elle a remarquablement peu changé depuis, bien qu’elle établisse actuellement des records, même selon les normes lamentables de l’Égypte en matière de prisonniers politiques, de torture, d’exécutions, de censure et de répression de toute expression politique indépendante. 

Et pourtant, aussi nécessaire que soit la répression pour les dictatures militaires, cela ne suffit pas à expliquer sa remarquable longévité en Égypte.

D’autres officiers arabes qui sont devenus des « présidents à vie », comme Ali Abdallah Saleh au Yémen et Mouammar Kadhafi en Libye, ont été au moins aussi brutaux que les présidents-officiers égyptiens après Nasser – mais contrairement à eux, ils n’ont pas hérité du pouvoir de leur prédécesseur et ne l’ont pas légué à un successeur.

De même, malgré la liquidation de milliers d’opposants, y compris en les jetant dans l’Atlantique depuis des hélicoptères, les généraux argentins ont été renversés. Comme ces cas et d’innombrables autres le suggèrent, la répression est l’omniprésente et inéluctable servante du régime militaire.

Ingrédient secret

Mais comme le démontrent les nombreux cas où ces régimes ont été renversés, la répression ne suffit pas pour garantir un régime militaire à perpétuité.

Si l’appareil répressif de l’Égypte est sans égal, le fait que des millions d’Égyptiens ont eu le courage de descendre dans les rues en 2011-2012 atteste qu’il ne s’agit pas d’un rempart impénétrable derrière lequel les dirigeants-officiers sont immanquablement en sécurité. 

L’ingrédient secret du succès politique durable de l’armée égyptienne a été à juste titre identifié par l’analyste Zeinab Abul-Magd comme sa capacité d’adaptation.

Des Égyptiens tiennent des portraits du président renversé Hosni Moubarak au Caire en 2014 (AFP)
Des Égyptiens tiennent des portraits du président renversé Hosni Moubarak au Caire en 2014 (AFP)

Les présidents-officiers égyptiens n’ont pas imité leurs prédécesseurs comme de simples perroquets. Chacun a adapté les justifications idéologiques de son règne à l’époque, tout comme chacun a modifié le modèle économique opérationnel tout en bricolant les institutions et les organisations politiques.

Les présidents successifs ont ajusté leur stratégie de protection contre les coups d’État à la lumière des relations avec l’armée et les services de sécurité. Tout aussi important pour préserver son pouvoir, chaque président a configuré les relations extérieures pour assurer un soutien extérieur à son régime. 

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Le régime militaire de Nasser embrassait le socialisme et l’industrialisation de substitution des importations, associé à une forte dépendance à l’égard de l’Union soviétique et à des appels au nationalisme arabe. Jusqu’à l’été 1967, son coup d’État reposait sur son frère d’armes, Abdel Hakim Amer, tandis que sa base politique, l’Union socialiste arabe, était une copie du Parti communiste yougoslave. 

Sadate s’est délesté en grande partie de ce bagage idéologique, politique, économique et de relations étrangères, embrassant le néolibéralisme, l’Égypte d’abord, une alliance avec les États-Unis et un système politique se présentant comme multipartite. Pour dissuader d’éventuels coups d’État, il a constamment remanié le haut commandement, liquidant sans doute certains de ses membres aux ambitions politiques. 

Pour sa part, Moubarak a mélangé les approches de Nasser et de Sadate, cherchant généralement un terrain d’entente entre les deux en ce qui concerne les politiques économique et étrangère et les arrangements politiques intérieurs.

Il a mis à l’épreuve le coup d’État à la Nasser en accordant à l’insipide ministre de la Défense, le général Mohamed Hussein Tantawi, un contrôle pratiquement permanent sur l’armée, exercé dans une mesure significative par le biais d’incitations économiques rendues possibles par l’économie militaire en expansion. 

Des descendants essentiels à l’exercice du pouvoir

Mais il ne faut pas surestimer l’ampleur de l’adaptation de ces trois premiers présidents-officiers. En 2011, on reconnaissait encore dans le régime militaire celui établi à la suite du coup d’État de 1952.

Il reposait sur le poids institutionnel et la cohésion des services militaires et de sécurité, dont les fils des présidents étaient exclus, contrairement à ce qui avait cours en Irak, au Yémen et en Libye, où les fils étaient formés comme officiers pour succéder aux pères.

La fonction publique et le secteur public tentaculaires sont restés les principaux administrateurs de l’État et de l’économie et les principales bases de soutien politique, en particulier en période électorale.

Le modèle de Sissi n’est pas celui de ses prédécesseurs. C’est plutôt celui d’un cheikh du Golfe : on reconnaît en premier lieu l’influence de Mohammed ben Zayed

La principale relation extérieure s’est détournée de l’Union soviétique au profit des États-Unis, tout en conservant son essence clientéliste, dépendant d’une seule puissance étrangère.     

C’est Sissi le véritable adaptateur. Il a brisé le moule dont il a hérité – ou s’est emparé –, pour être plus précis. Son modèle n’est pas celui de ses prédécesseurs. C’est plutôt celui d’un cheikh du Golfe : on reconnaît en premier lieu l’influence de Mohammed ben Zayed (Émirats arabes unis) dans l’approche de Sissi pour gouverner. 

La famille et la tribu fournissent les mécanismes de gouvernement de Sissi, si l’on considère l’armée égyptienne comme l’équivalent fonctionnel du compagnon de ben Zayed, al-Nahyane. Les membres de cette tribu et des tribus affiliées peuplent l’appareil gouvernemental et les systèmes économiques d’Abou Dabi et des Émirats arabes unis, tout comme les officiers de la république de Sissi. 

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Les fils des dirigeants occupent dans les deux cas des rôles clés dans les appareils coercitifs après des passages dans leurs armées respectives.

Ces descendants sont essentiels à l’exercice du pouvoir, et on peut supposer que l’un d’entre eux en héritera. Ils protègent leurs pères contre les coups d’État, renforçant et supervisant les systèmes de surveillance ancrés dans les relations personnelles que les deux dirigeants ont développées lorsqu’ils servaient dans leurs armées respectives.

Pour doter en personnel la périphérie des institutions qui permettent de gérer et contrôler l’État, l’économie et, dans le cas de l’Égypte, le système politique, les deux dirigeants ont créé des établissements d’enseignement d’élite et des canaux de recrutement associés afin d’obtenir des cadres loyaux et compétents sur le plan technique.

Les deux présentent des similitudes substantielles avec ceux développés en Chine pour recruter et préparer les cadres du Parti communiste. 

Économie : des projets grandioses

La philosophie économique de Sissi est également redevable au modèle des cheikhs du Golfe. Son essence est la grandeur, symbolisée par le plus grand et le plus imposant ceci ou cela, en partant de préférence de zéro dans le désert, comme pour souligner la volonté créative du dirigeant.

Entre autres avantages, ces projets grandioses offrent des opportunités rémunératrices aux membres de la tribu/l’armée, tout en glorifiant le leader et sa vision.

La classe moyenne bureaucratique s’accroche à une fonction publique en déclin ; les travailleurs sont abandonnés par des syndicats en perte de vitesse ; les capitalistes de connivence se ruent sur des parts de plus en plus petites du gâteau économique, dévoré par l’armée

Peu de réflexion semble être portée aux moyens de financer ces édifices. Dans le Golfe, les pétrodollars les financent aisément, mais en Égypte, il s’agit principalement de fonds empruntés. Ce développementalisme déformé est ce qui passe pour une idéologie politique pour impressionner et subordonner la population. 

Ce modèle dérivé du Golfe laisse peu de place en Égypte à la fonction publique traditionnelle, au secteur public, à un parti politique dominant ou au Parlement. En effet, Sissi manifeste du mépris pour eux tous autant qu’ils sont. Ils sont rendus superflus par sa dépendance aux agences de sécurité et aux renseignements militaires pour gérer le gouvernement, l’économie et la politique, lesquels ont privé ces institutions civiles d’une grande partie de leur contrôle sur les ressources.

Le fonds souverain égyptien et divers autres organismes financiers autonomes, tels que Vive l’Égypte, sont, comme ceux du Golfe, sous l’autorité directe du dirigeant – et non celle de l’administration, du Parlement ou de tout autre organisme public. 

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Sissi ne se sent pas obligé de cultiver un électorat politique comme l’ont fait ses prédécesseurs. La classe moyenne bureaucratique s’accroche à une fonction publique en déclin ; les travailleurs sont abandonnés par des syndicats en perte de vitesse ; les capitalistes de connivence se ruent sur des parts de plus en plus petites du gâteau économique, dévoré par l’armée ; et la paysannerie est mal servie par les coopératives agricoles harassées car l’État favorise une agriculture plus capitalistique contrôlée par des sociétés associées à l’armée ou à de riches investisseurs.

Sissi plane au-dessus du peuple égyptien

Sissi plane au-dessus du peuple égyptien, l’air chaud qui le porte n’est pas soutenu par des loyautés et alliances tribales, comme c’est le cas pour la plupart des dirigeants du Golfe.

La question de savoir si l’équivalent tribal de Sissi – son armée – peut conserver la loyauté des citoyens tout en sapant le contrat social sur lequel celle-ci reposait auparavant soulève des questions cruciales sur son avenir et celui de Sissi.

Deux alternatives au statu quo sont le remplacement de Sissi par sa propre armée ou bien le renversement de Sissi et son armée.

Un Égyptien tient des affiches, l’une représentant Abdel Fattah al-Sissi (à droite) et Sadate et Nasser (à gauche), le 6 octobre 2013 (AFP)
Un Égyptien tient des affiches, l’une représentant Abdel Fattah al-Sissi (à droite) et Sadate et Nasser (à gauche), le 6 octobre 2013 (AFP)

Le premier est le scénario Moubarak, dans lequel l’intérêt institutionnel de l’armée incite cette dernière à se débarrasser du président devenu la cible de la colère populaire. Il pourrait s’agir d’un coup d’État descendant et préventif à l’instigation du haut commandement, comme ce fut le cas en 2011.

Alternativement, il pourrait s’agir d’un coup d’État dissident, mené par une faction au sein de l’armée mécontente à la fois du président et du haut commandement.

Une possible ligne de faille sépare les officiers engagés dans le professionnalisme militaire de ceux – généralement plus haut-gradés – qui s’attachent à récolter le butin de leur accès à l’économie militaire.

Les tensions entre ces camps pourraient être exacerbées par l’incapacité à relever de manière adéquate un ou plusieurs défis militaires, susceptibles de se présenter dans les territoires voisins, tels que la Libye, le Soudan ou l’Éthiopie plus lointaine. 

De ces deux types de coup d’État, le premier semble le plus improbable. La pénétration et le contrôle de Sissi sur le corps des officiers – résultant de son service dans le renseignement militaire, de son utilisation de ses fils et de ses anciens collègues comme agents de surveillance et de sa prolifération de possibilités de patronage pour les officiers – dépassent considérablement celles de Moubarak. Le haut commandement de Sissi restera sans doute loyal, c’est moins sûr en ce qui concerne les officiers subalternes. 

Paradoxe de l’échec

Difficile d’envisager Sissi et l’armée être chassés du pouvoir. L’année 2011 ne se reproduira pas, sauf en tant que tragédie. Comme cela a été démontré en 2013, le régime de Sissi est prêt à ouvrir le feu sur l’opposition. Il a neutralisé l’islam politique organisé, dans un avenir prévisible du moins. Restent des scénarios encore plus radicaux, tels qu’une rupture généralisée de l’ordre résultant de crises économiques ou politiques, conduisant à une fragmentation des services militaires et de sécurité.

Si l’armée égyptienne avait dirigé avec succès le développement du pays, comme l’a fait dans une certaine mesure l’armée sud-coréenne, elle aurait peut-être engendré des forces suffisamment fortes et dévouées pour la supplanter

Une variante de ce scénario serait l’implication d’un acteur extérieur cherchant à déstabiliser le régime de Sissi. Enfin, une variante encore plus tirée par les cheveux serait que Sissi décide de se retirer en faveur d’un gouvernement civil. Tout ce qui le concerne et sa méthode de gouvernement suggère que cela s’apparente à attendre Godot. 

En résumé, le pari intelligent est que le régime militaire en Égypte perdurera, tout comme le déclin persistant et relatif du pays. En effet, plus le déclin est grand et la situation désespérée, plus l’armée peut justifier son rôle d’épine dorsale et de sauveur de la nation.

C’est peut-être ce paradoxe qui explique le mieux la longévité du règne de l’armée égyptienne. Si elle avait dirigé avec succès le développement du pays, comme l’a fait dans une certaine mesure l’armée sud-coréenne, elle aurait peut-être engendré des forces suffisamment fortes et dévouées pour la supplanter. Hélas, son incapacité à gouverner de manière adéquate pourrait expliquer pourquoi elle gouverne toujours. 

- Robert Springborg est chercheur à l’Institut italien des Affaires internationales et professeur adjoint à l’Université Simon Fraser. Avant cela, il a été directeur de programme pour le Moyen-Orient au Centre pour les relations civilo-militaires de la School of Oriental and African Studies de Londres, où il a également été directeur du London Middle East Institute. Il a également dirigé le Centre de recherche américain en Égypte. En 2016, il a été chercheur invité de la Fondation koweïtienne, participant au projet Middle East Initiative de la Harvard Kennedy School. Ses ouvrages les plus récents sont Egypt (2018) et Political Economies of the Middle East and North Africa (2020), tous deux publiés par Polity Press. Il est rédacteur en chef de The Handbook of Contemporary Egypt, publié par Routledge en 2021.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Robert Springborg is a Research Fellow of the Italian Institute of International Affairs and Adjunct Professor, Simon Fraser University. Formerly he was Program Manager for the Middle East for the Center for Civil-Military Relations at the School of Oriental and African Studies in London, where he also served as Director of the London Middle East Institute. He also served as the Director of the American Research Center in Egypt. In 2016, he was Kuwait Foundation Visiting Scholar, Middle East Initiative, Kennedy School, Harvard University. His most recent books are Egypt (2018) and Political Economies of the Middle East and North Africa (2020), both published by Polity Press. He is the editor in chief of The Handbook of Contemporary Egypt, published by Routledge in 2021.
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